Qu’est-ce que l’anxiété et comment la reconnaître ?
Par définition, l’anxiété est un trouble émotionnel qui traduit un sentiment d’insécurité. À l’inverse de la peur, qui est une émotion et se manifeste donc en réaction spontanée et de brève durée face à un élément, l’anxiété se manifeste par anticipation d’une potentielle apparition d’un élément ou événement, effective ou non, même sans certitude que l’élément ou l’événement apparaisse. L’anxiété peut être de courte durée ou s’installer dans le temps.
Il s’agit d’un stress négatif : l’organisme s’adapte par crainte.
Les chiens révèlent leur anxiété par divers symptômes physiologiques.
En tant que trouble émotionnel, l’anxiété est observable au niveau du corps du chien. Il émet alors des réactions non contrôlées, spontanées dès qu’il se sent anxieux, et non volontaires. Ces réactions physiques peuvent être de courte comme de longue durée. Il peut présenter une réaction, tout comme en démontrer plusieurs à la fois.
Si vous voyez le blanc des yeux de votre chien, ce qu’on appelle l’ « œil de baleine », il émet un signe de stress négatif. Sa queue basse, quasiment couchée sur son ventre, son corps bas, quasiment rasant le sol, sont aussi des signes qui révèlent un stress négatif chez votre chien.
Le rythme respiratoire et le rythme cardiaque des chiens s’accélèrent. Cela peut se présenter par votre chien qui halète abondamment sans avoir chaud ou fait d’effort physique ou cognitif important.
Leur appétit est perturbé : soit il mange goulûment, en oubliant de mâcher même, soit il mange très peu voire pas du tout. Leur digestion aussi s’avère perturbée : ils sont susceptibles de déféquer davantage, voire d’avoir des diarrhées régulières, ou ils sont susceptibles de vomir. Certains chiens urinent à l’approche d’un événement possible. Les reflux acides ne sont pas non plus inconnus chez les chiens.
L’anxiété a une répercussion sur leur sommeil, qui sera de moindre qualité et/ou de courte durée.
Si votre chien est en hyper-salivation, alors qu’au aliment appétent n’est présent dans l’environnement, cela peut être un symptôme d’anxiété.
Alors qu’il ne fait pas froid et que votre chien n’est pas malade, ses tremblements peuvent être un symptôme d’anxiété.
Du fait de leur état anxieux, certains chiens avec des maladies, qu’elles soient chroniques ou passagères, voient leur état de santé susceptible de se dégrader.
Certains comportements de votre chien peuvent en fait être le reflet de ce qu’il ressent.
Sans élément précis sur lequel évacuer, certains chiens s’en prennent à eux-mêmes et s’auto-mutilent, soit en se léchant frénétiquement certaines parties du corps, soit en se mordant. Cela peut entraîner une perte de poils importante, des saignements, des irritations, engendrer aussi des problèmes de peau qu’il sera utile de soigner en plus de traiter l’anxiété.
Son corps n’est pas le seul élément que votre chien est susceptible de détruire. Il peut aussi évacuer son anxiété sur les meubles, sur les murs, détruire tout ce qui est à sa portée. Si votre chien n’est pas particulièrement destructeur, mais qu’à certains moments, il en vient à faire des trous dans vos murs par exemple, cela peut être un signe d’anxiété.
Lorsque votre chien émet des vocalises, celles-ci peuvent exprimer son anxiété : qu’il s’agisse de chouinements, de couinements, d’aboiements très aigus en continu, de hurlements, ces sons ont vocation à vous alerter, à vous prévenir, à attirer votre attention.
Vis-à-vis de vous, ou de quelqu’un d’autre, votre chien peut aussi opter pour des comportements qui vise (sciemment ou non) à le relaxer : vous lécher de façon intempestive, vous chevaucher de façon effrénée.
Si la surprise est une émotion dont la réaction suscitée dépend de l’expérience vécue après l’élément surprenant, un chien anxieux se montrera plus réactif à une surprise. Il est alors tellement aux aguets, tellement tendu au niveau des muscles, qu’il sursaute à la moindre stimulation (visuelle ou sonore), se retourne brusquement.
L’anxiété est un stress qui monopolise beaucoup d’énergie pour se protéger d’un danger potentiel. Dans cet état, votre chien aura sûrement plus de difficultés à se concentrer, à mémoriser, à reproduire ce qui lui a été enseigné. Son objectif est avant tout de se prémunir contre tout risque pour sa survie, d’éviter, de fuir ce qui peut représenter un danger pour lui. Pour cela, il est susceptible de s’inhiber, que son corps semble ne manifester que peu de signes, que ses comportements soient quasi inexistants. À l’inverse, un chien qui a du mal à se poser, soit parce qu’il s’occupe constamment, soit parce qu’il marche en continu, trépignant, peut révéler un stress qui l’a rendu incapable de se détendre. Certains chiens en développent des stéréotypies : des comportements répétitifs qui leur permettent de combler un besoin (par exemple, un chien qui court après sa queue, ou, qui court jusqu’à l’épuisement dans le jardin en faisant le tour de la maison). Si votre chien se retrouve face à un événement et qu’il grogne, montre les dents, se contracte, lorsque vous l’incitez à y faire face, il se peut que ce qu’il exprime soit en fait de l’anxiété : il vous indique que son comportement hostile est une recherche à éviter un événement anxiogène pour lui.
S’il n’existe pas une seule cause provoquant l’anxiété, c’est parce que diverses causes lui sont imputables.
L’une des premières causes qu’il est possible d’envisager est que le chien ait des prédispositions génétiques. Certains d’entre eux ont une sensibilité accrue du fait du fonctionnement neuronale de leur organisme. L’origine peut en être leur développement après leur naissance, tout comme leur développement in utéro. Lorsque la mère est en gestation, elle est susceptible de transmettre à ses chiots une fragilité, soit parce qu’elle l’est elle-même, soit parce qu’elle vit un stress négatif particulier pendant la grossesse.
À la suite de la naissance, sa familiarisation à divers environnements, diverses textures, divers sons, divers objets, sa socialisation avec les humains, les autres chiens, les chats et d’autres animaux, va influencer son avenir. Un chiot qui se retrouve noyé d’informations, d’expériences sans savoir comment les vivre, peut développer les mêmes troubles du comportement, liés à de l’anxiété, qu’un chiot auquel on n’aura que peu voire pas du tout exposé des éléments qui feront son quotidien.
Au fil de sa vie, au fil de ses âges, sa perception de son environnement va changer. Si sa santé est affectée par une maladie chronique ou non, par un handicap temporaire ou définitif, par une malformation, sa capacité à faire face à certaines situations va en être amoindrie. Il peut réagir par anticipation d’une douleur et craindre une rencontre par exemple.
Par définition, tout changement occasionne du stress. Tout stress n’est pas négatif. Il est une réponse de l’adaptation aux changements. Ceux-ci peuvent être un déménagement, le décès d’un membre du foyer, l’arrivée d’un enfant, d’un autre chien, d’un chat, la maladie d’un autre membre du foyer, une séparation entre les membres du foyer, le départ d’un membre du foyer. L’anxiété que le chien montre alors peut ne pas être provoquée par ces changements, mais révélée par eux.
Un chien dont les besoins primaires ne sont pas respectés, tels que manger, dormir, se sentir en sécurité, boire, être soigné, le met dans une position qui le motive à répondre à ce qui l’aide à survivre d’abord.
Un chien dont les besoins de contacts, de stimulations, ne sont pas respectés, peut développer des troubles. Ces besoins sont individuels : un chien peut en vouloir peu, juste apercevoir des congénères de loin et préférer les humains, ou inversement juste apercevoir des humains et préférer ses congénères ; un chien peut avoir besoin de maintes activités pour combler son intellect, tout comme ses activités peuvent être source de stress si elles sont inappropriées pour lui (en qualité et/ou quantité). Délaisser son chien, tout comme le stimuler en continu, sont des contextes anxiogènes.
À l’extrême, certains chiens vont vivre certaines expériences comme traumatisantes et demeurer dans l’expectative d’un événement négatif. Cela peut être physique ou mental, par exemples : un accident, une maladie, un abandon.
L’anxiété chez le chien peut aussi être externe au chien lui-même. Comme ils prennent les humains comme références, les émotions de leurs maîtres vont les atteindre. Cependant, à l’inverse des humains concernés, les chiens ne sont alors pas en mesure de savoir à quoi elles sont liées. Ils subiront, sans savoir gérer, la contagion des émotions de leur maîtres.
Quels sont les types d’anxiété les plus courants ?
L’anxiété de séparation
Le chien qui en souffre oscille entre un inconfort émotionnel et une crise de panique qui ne cesse que lorsqu’il n’est plus seul. La solitude provoque chez lui une détresse importante. Il est tellement stressé qu’il n’est plus en mesure de manger, boire, dormir. Son seul objectif est que son maitre revienne et qu’il ne soit plus seul. L’anxiété se caractérisant par de l’anticipation, ces chiens ont développé un sens de l’observation aigu. Ils observent avec une grande attention chaque comportement de leur maitre qui peut être annonciateur de la solitude à venir. Certains chiens se montrent stressé à la prise des clefs ; d’autres dès que le maitre se lève de son lit.
Apprenez en plus sur ce sujet avec le replay du webinaire « Les problèmes de comportements liés à la séparation chez le chien »
La sensibilité aux bruits
La sensibilité aux bruits se caractérise par des comportements de crainte. Il ne s’agit pas de chiens qui réagissent à un stimulus, tel un chien qui aboie parce que des voisins discutent sur le palier. Le chien qui en souffre réagit par peut de certains types de sons (sifflements, pétards, feux d’artifice, orages, froissement de papiers, sonnerie du micro-ondes, voitures, etc).
La visite chez le vétérinaire
Aller chez le vétérinaire est vécu comme un calvaire pour certains chiens. Il est question des chiens qui tremblent dans la salle d’attente, qui pleurent en entrant dans le cabinet, qui résistent à avancer quand ils reconnaissent la rue au point de limer leurs griffes sur le sol.
L’anxiété généralisée
Lorsqu’un chien se montre anxieux au quotidien, de façon chronique et constante, on peut alors envisager qu’il souffre d’une anxiété généralisée. Tout est source à le rendre stressé, à le mettre en détresse. L’origine et la cause exacte finissent par être confuses et l’anxiété du chien diffuse.
L’anxiété n’est pas une fatalité, il existe des solutions pour apaiser votre chien
Le vétérinaire est votre premier allié pour soulager votre chien.
Votre vétérinaire est le spécialiste de la santé physique de votre chien. Ses compétences font de lui le premier professionnel à consulter pour écarter tout doute. En effet, certains comportements peuvent être influencés ou amplifiés par une maladie ou une douleur. En auscultant votre animal, votre vétérinaire peut déceler des anomalies, suggérer des examens complémentaires, référer à des confrères spécialisés. Si la santé physique de votre chien n’est pas examinée, le risque est de passer à côté d’une cause médicale.
Par ailleurs, si votre chien atteint un niveau d’anxiété si élevé qu’il est incapable d’acquérir le moindre apprentissage, il est le professionnel qui saura vous conseiller s’il a besoin d’un accompagnement médicamenteux.
Apporter votre soutien à votre chien anxieux l’aidera à s’apaiser.
Votre chien ne décide pas d’être anxieux. Votre chien ne choisit pas l’anxiété. Il la ressent. Il ne la contrôle pas. Lui apporter votre réconfort lui apportera des encouragements, de l’assurance. Il n’est pas possible qu’il devienne plus anxieux parce que vous le rassurez. Si cela ne produit aucun effet, il est à regarder si votre façon de le réconforter était synonyme de réassurance pour lui (par exemple, un chien que vous caressez alors qu’il ne tolère pas d’être touché à cet instant), si vous n’étiez pas vous-même stressé et le lui avez transmis (par contagion émotionnelle). L’ignorer alors qu’il a besoin de se sentir en sécurité vous place dans une situation complexe pour votre relation : s’appuyer sur vous va montrer ses limites ; certains de ses choix futurs peuvent en être les conséquences. Votre soutien aura pour effet qu’il peut trouver un repère sécurisant auprès de vous, qu’il peut compter sur vous au besoin, que votre présence l’emplit d’émotions positives, peu importe la situation.
Offrir des situations où votre chien fait des choix le rend acteur de sa vie.
L’absence de contrôle, l’absence de choix, l’absence de conscience de choix et de contrôle, sont en soi anxiogène. Un chien qui ignore qu’il a des opportunités, dont chaque aspect de la vie est contrôlé, n’est pas en mesure de s’épanouir en tant qu’individu. Pour faire un choix, encore faut-il savoir que des choix soient possibles. Certains sont simples à mettre en place : plusieurs lieux de couchages, le trajet pendant sa balade, le jouet avec lequel s’amuser.
L’avantage du choix est qu’il s’agit d’un renforçateur primaire. Au même titre que les friandises, il n’a pas besoin d’être enseigné, ni d’un autre élément pour être apprécié en tant que tel.
Lorsque votre chien fait un choix, respecter ce dernier démontre la réalité du choix. Votre chien n’est pas un être passif face à son quotidien, il devient un être qui peut avoir une influence sur son environnement. Si vous l’invitez à venir près de vous sur le canapé pendant que vous regardez la télévision, mais qu’il choisit de rester à mastiquer une friandise, l’absence de conséquence négative lui révèle que vous accordez de l’importance à ses envies aussi. Si vous l’invitez à jouer avec une corde, mais qu’il vous apporte une balle, et que vous jouez avec la balle, vous lui indiquez que ses choix peuvent être bénéfiques à votre relation.
Un chien qui a la possibilité d’effectuer des choix, qui sont valorisés, gagne en confiance en lui, se rassérène dans l’environnement dans lequel il vit.
La prédictibilité d’un événement informe sur les comportements à adopter.
L’absence de prédictibilité, le manque d’informations sur les événements à venir, la carence en indications rendent des situations anxiogènes pour des chiens déjà sensibles. En gardant à l’esprit qu’un chien anxieux est plus susceptible d’anticiper un événement négatif, un « danger », avoir des précisions sur ce qui se passe ou va se passer peut l’apaiser. En effet, une meilleure compréhension lui permet de s’ajuster, de prendre du temps pour cela. Cet ajustement peut être géré à un niveau moins émotionnel, et plus mental.
Par exemple, si votre chien est anxieux en promenade, en lui enseignant les directions, tels que « à droite », « à gauche », vous le soulagez déjà en lui donnant des indications sur le chemin.
Lorsque la conséquence à un comportement est aléatoire, soit parce qu’elle n’intervient pas à chaque fois, soit parce qu’elle est changeante, cela rend cette conséquence anxiogène. Un chien qui montre de l’anxiété sera alors anxieux dès le comportement et cherchera des stratégies pour ne pas le produire ou pour le produire hors de votre accès. Si par exemple votre chien aboie après vous car il veut la friandise que vous avez en main, et, en conséquence, que vous lui donnez un jour, lui retirez un autre, vous fâchez encore un autre, vous rendez cette friandise annonciatrice de votre instabilité.
L’éducation transmet à votre chien des compétences pour faire face à diverses situations.
Apprendre, c’est recevoir des informations pour être en mesure de modifier ses comportements. Enseigner, c’est transmettre ces informations pour que le chien adopte certains comportements.
Contrairement à une croyance, les chiots n’ont pas besoin de rencontrer l’ensemble des humains de la planète, l’ensemble des chiens de la planète, ni de fréquenter tous les lieux possibles ; il est néanmoins important qu’il en perçoivent une partie, sans que cela ne provoque chez eux de réactions négatives. Ils risquent sinon d’en ressentir un rejet soit car cela évoquera de mauvaises expériences, soit car toute nouveauté sera assimilée à un risque potentiel.
Le choix d’orienter ses principes éducatifs vers l’encouragement ou l’évitement influence l’état émotionnel du chien. Si votre chien est dans l’anticipation qu’une conséquence désagréable va se produire après un de ses comportements, si votre chien considère qu’un élément prédit l’arrivée d’un autre élément, qui lui est désagréable, les associations qu’il fait vont affecter ses capacités à faire face.
S’il n’est pas possible d’ôter toute contrainte de la vie d’un chien (par exemple, s’arrêter avant de traverser une route, être attaché à une laisse), il est recommandable de minimaliser voire d’exclure l’ajout d’élément aversif. Par exemple, frapper son chien avec une badine, crier sur son chien avec de grands gestes, l’immerger volontairement au sein d’éléments qui l’effraient, sont à proscrire si on veut une relation saine et un chien bien dans ses pattes.
Lorsque votre chien anxieux associe un élément, ou même sa possible apparition, à l’ajout de quelque chose d’agréable pour lui (une friandise, prendre son temps pour renifler, un jeu, choisir une route), sa perception de l’élément anxiogène change et prend la valeur de l’élément ajouté.
Dans le cours « Analyse et Modification Comportementale », Lisa Longo vous guide afin de modifier les comportements de votre animal en respectant les points cités ci-dessus.
Les soins coopératifs transforment votre chien anxieux en acteur détendu.
Un entraînement aux soins coopératifs est bénéfique pour un chien, d’autant plus s’il est anxieux, à maints niveaux : leur redonne du contrôle, les rend acteurs de leurs soins, s’opère dans un échange avec leur maître, crée de la prédictibilité, leur offre des portes de sortie, augmente leur motivation, associe des manipulations à des éléments agréables, accroit leur bien-être.
Les soins peuvent tout autant être la mise du harnais, le nettoyage des oreilles, que la visite chez le vétérinaire.
Si votre chien n’a aucune possibilité de s’extraire d’une situation désagréable, qu’il en est impuissant, il peut s’inhiber ou montrer des comportements d’évitement (soit en s’éloignant, soit en cherchant à éloigner) de plus en plus fréquents.
Les soins coopératifs leur permettent d’apprendre à être à faire face à des situations anxiogènes pour eux. Ils leur permettent d’acquérir des compétences pour être plus serein.
Conclusion
Lorsqu’on vit avec un chien anxieux, identifier l’anxiété dont il souffre, être accompagné par un professionnel de la santé et/ou du comportement canin, sont les premières étapes pour aider Toutou. Faire preuve de patience et adapter son quotidien dans lequel votre chien trouvera des solutions réconfortantes et apaisantes l’aidera à se bâtir plus en confiance.
Liens :
Cours :
https://muzoplus.fr/produit/sessions-cours/analyse-et-modification-comportementale-octobre-2024/
Webinaire :
https://muzoplus.fr/produit/webinaires/introduction-au-bat/
https://muzoplus.fr/produit/webinaires/le-chien-sourd/
https://muzoplus.fr/produit/webinaires/la-porte-de-sortie-vers-plus-de-choix-en-entrainement/
Réponses