Préparer et réussir la première sortie plage de son chiot

La première sortie à la plage avec son chiot peut être un moment attendu pour nous : ses humains, mais ce moment, s’il n’est pas anticipé et préparé, peut être stressant pour un jeune chien.

L’exploration de la plage, ce nouvel environnement composé :

• De nouvelles textures comme le sable,
• D’odeurs comme celle de la crème solaire,
• De bruits de vague, de rires, d’enfants qui pleurent, de chiens qui aboient,
• D’objets comme des parasols, des glacières, des paddles, etc,
• D’humains qui marchent, courent ou nagent, d’enfants qui jouent au ballon, de groupes de personnes installées,
• D’autres chiens qui se baladent, jouent ou dorment,

…peut vite devenir difficile pour un chiot.

Dans cet article, découvrez ce que j’ai mis en place pour que la toute première sortie à la plage avec mon chiot, Véga, soit une réussite et qu’il ait probablement envie d’y retourner (comme ses grands frères) 🌊!

Les apprentissages essentiels à prévoir pour aller à la plage avec son chiot :

Observer sans interagir

Observer sans interagir est LA compétence clé à entraîner, lorsqu’on décide d’emmener son chiot ou son chien dans n’importe quel environnement où on peut croiser et voir différents stimuli, comme des humains, des chiens, des objets divers.

Dans le cas de la plage, le fait que les stimuli soient potentiellement nombreux, en mouvement ou installés en statique peur inquiéter le chiot ou au contraire attirer sa curiosité.

Si le chiot n’a pas appris à observer sans interagir, il peut très vite être submergé par ses émotions, que ce soit « l’excitation » ou « la peur ». Et sans apprentissage préalable, il peut vouloir courir vers chaque stimulus, aboyer ou sauter, se figer voire fuir.

Enseigner à son chiot à observer un stimulus, sans réaction excessive, en respectant son rythme, son seuil de tolérance et en restant vigilant concernant son langage corporel, lui permettra d’évoluer dans cet environnement riche, tout en restant à l’aise et capable de faire les bons choix.

Personnellement, j’entraîne mes chiots à voir des humains, voir d’autres chiens, voir des vélos, etc, sans y aller. En gros par défaut la règle que j’applique au quotidien est « il n’y aura pas de contact ». Dans cette vidéo, voilà deux exemples de situations où Véga, mon jeune border collie, a été amené à observer des stimuli (un chien puis un groupe d’enfants) sans y accéder :

Se coucher sur une serviette

Se coucher et se reposer, voire dans le meilleur des cas s’endormir sur une serviette est une compétence essentielle à travailler avec son chiot, pour son confort lors de vos journées en environnement extérieur.

Cela facilite l’alternance entre les temps « actifs » de la journée, comme jouer et explorer, et les temps de repos, notamment lors d’une après-midi à la plage par exemple. En effet, un chiot qui passe quatre heures à jouer et à découvrir la plage sera probablement fatigué, tant sur le plan physique que mental. Avec la fatigue, il émettra probablement plus facilement des comportements dits « indésirables », comme aboyer, vous sauter dessus, tenter de courir après un stimulus, etc.

Il est donc important de proposer au chiot des moments plus calmes, où il peut observer, écouter ce qui l’entoure, et se reposer pour récupérer. Mais pour cela, il faut qu’il ait appris à le faire au préalable, à la maison, puis dans de nouveaux environnements faibles en distractions, jusqu’à pouvoir le faire dans l’environnement riche qu’est la plage.

Dans cette vidéo, je vous partage un extrait de notre tout premier entraînement de cette compétence à la maison, avec Véga lorsqu’il avait 3 mois :

Concernant l’importance du sommeil chez le chien, l’étude “Potential interactive effect of positive expectancy violation and sleep memory consolidation in dogs”, réalisée en 2024 par Vivien Reicher, Timea Kovacs, Barbara Csibra & Marta Gasci, suggère que chez les chiens, le sommeil peut jouer un rôle important dans le traitement des émotions et la consolidation de la mémoire.

Se coucher, se reposer et s’endormir est donc la compétence qui « cimente », qui fixe le reste des apprentissages que fera le chiot lors de la journée.

Mettre son gilet de sauvetage

Apprendre à son chiot ou à son chien à mettre de lui-même son gilet de sauvetage permet de profiter pleinement des activités aquatiques et offre plusieurs avantages :

• Cela favorise son autonomie et sa confiance, lui permettant de participer de façon active à sa préparation pour les activités sportives aquatiques à venir.
• Cela rend les moments de préparation, où chacun doit s’équiper, plus rapides et moins stressants pour tout le monde. Si votre chien saute la tête la première dans son gilet de sauvetage quand vous lui proposez, vous n’aurez pas besoin de plus d’une minute pour qu’il soit prêt !
• Cela assure sa sécurité lors de ces activités.

Même si votre chiot ou votre chien est un bon nageur ou est à l’aise dans l’eau, lui faire porter un gilet de sauvetage est le seul moyen d’assurer pleinement sa sécurité pendant qu’il nage.

En effet, votre chiot ou votre chien peut rapidement être fatigué physiquement ou se retrouver dans une situation imprévue (une vague plus importante, un trou dans le fond d’un lac, etc).

Le gilet de sauvetage lui offre une flottabilité supplémentaire, lui permettant de rester à la surface, de garder plus facilement son équilibre et une posture plus propre et adaptée pour profiter des bienfaits de la natation (dos bien droit notamment).

Pour éviter de dépasser les capacités physiques de votre chien, l’idéal est de rester attentif quant aux signes de fatigue physique observables sur son corps ou son comportement. Par exemple : le dos plus creusé, une patte arrière plus fléchie que d’habitude, moins de motivation pour aller dans l’eau, ou encore des tremblements au niveau des épaules ou des cuisses.

Planifier votre sortie à la plage :

Avant de se lancer et de prendre la route avec son chiot en direction de la plage, il va falloir choisir « où aller ? ».

Le choix du lieu doit prendre en compte le confort de votre chiot, notamment sa tolérance aux différents stimuli présents sur la plage : la présence d’autres chiens, de personnes, les bruits de l’eau, etc.

Avec mon chiot, Véga, j’ai également choisi d’aller à moins de deux heures de route de la maison, de sorte à pouvoir faire une sortie d’une durée adaptée et modifiable à tout moment pour cette première fois. Finalement, nous sommes restés deux heures sur place au total, en comptant le petit trajet à pied entre la voiture et la plage en aller-retour.

Lorsque vous avez défini un secteur sur lequel vous rendre, il est également intéressant de prendre en compte certains éléments pratiques pour planifier votre sortie plage avec votre chiot :

• Le jour de la semaine : Est-ce pendant les vacances scolaires ou en période moins fréquentée ? Est-ce qu’on prévoit d’y aller un samedi ou un lundi ? Le niveau de fréquentation aura un impact sur la quantité de stimuli potentiellement présents et donc sur le confort du chiot pour sa première sortie dans cet environnement.
• La météo : Vérifiez la météo pour éviter la pluie ou les températures extrêmes, mais aussi pour sélectionner une météo « moins attractive » pour les touristes par exemple. Vous pouvez ainsi choisir une journée ensoleillée avec quelques nuages ou même une journée nuageuse.
• L’horaire : Privilégiez les moments où la plage est moins fréquentée, comme tôt le matin ou en fin d’après-midi, pour que votre chiot puisse découvrir cet environnement dans un cadre plus calme.

En résumé, une bonne préparation, en choisissant un lieu adapté, en tenant compte de la météo, du jour et de l’heure, vous permettra de profiter pleinement de cette première sortie à la plage avec votre chiot, tout en assurant son confort et sa sécurité.

Organiser sa sortie plage :

Quand vous arrivez sur la plage avec votre chiot, la première étape va être de choisir où s’installer et de s’y rendre au rythme du chiot, afin qu’il puisse s’adapter en douceur à ce nouvel environnement.

Notre spot pour la première plage avec Véga, se situait à l’extrémité de la partie « plage » du site, près des arbustes, dans une zone plus calme et moins fréquentée :

Ce choix n’a pas été fait pour la douceur du sol, qui comportait plutôt des cailloux 🤭, mais pour permettre à Véga de marcher et observer à distance des stimuli présents (humains qui jouent, chiens qui interagissent, etc). L’objectif principal était de pouvoir proposer des temps de marche réguliers dans une zone enherbée, ce qui est idéal pour que le chiot puisse explorer et faire pipi s’il en a envie.

La deuxième étape va être de s’installer et de profiter de ce moment ensemble en partageant des activités.

Il est important d’alterner les types d’activités : des temps de jeu sur la plage ou dans l’eau, des temps de marche plus éloignés de l’eau et des temps de repos sur la serviette.

C’est une organisation que j’ai pu tester avec Véga et que j’ai trouvé très efficace, pour limiter ses « montées en émotion » et donc les comportements dits « indésirables » qui pourraient suivre, comme aboyer, me sauter dessus, mordre sa laisse, etc, pendant le jeu dans l’eau ou pendant les temps statiques sur la serviette. Cela permet de mieux gérer son énergie, ses besoins spécifiques et son calme tout en profitant pleinement de ce moment.

Enfin, si votre chiot ne maîtrise pas encore le fait de revenir au rappel, ou s’il a tendance à ne pas rester dans votre zone, ou même si les chiens doivent être attachés sur cette plage, il est conseillé d’utiliser une longe. Personnellement j’aime prendre une longe de 3 à 5 mètres pour ce genre de contexte, car ça permet au chien de pouvoir renifler et marcher, tout en restant près de nous et donc d’observer ce qui l’entoure sans pouvoir y accéder.

Mon chiot et l’eau, que faire ?

Avec tous mes chiots, dès leur arrivée, j’ai choisi de faire régulièrement des balades dans des environnements où de l’eau était présente : stagnante, donc calme, ou en mouvement et qui fait du bruit. A côté de la maison, il y a un lavoir, des rivières, des cascades, des étangs. C’est grâce aux balades dans ces environnements que je récolte des informations sur les comportements de mon chiot avec l‘eau : est-ce qu’il l’évite ? est-ce son langage corporel m’indique qu’il est stressé ? est-ce qu’il fonce dedans ? est-ce qu’il met une seule patte puis s’en éloigne ? etc.

En fonction de ces observations, je vais établir un plan d’entrainement pour travailler le fait d’ « aller dans l’eau » (si c’est un objectif que je me suis donné avec ce chien) :

Avec Véga, qui avait tendance à éviter l’eau en balade, j’ai construit un plan avec les étapes suivantes :

• Capture « yes » + friandise donnée loin de l’eau, lorsqu’il s’approche volontairement d’un lieu avec de l’eau.
• Je leurre en touchant l’eau avec ma main, s’il met une patte dans l’eau = « yes » + friandise donnée loin de l’eau.
• Idem mais j’attends qu’il mette deux pattes, puis les quatre pattes dans l’eau.
• Je mets sur signal le fait d’aller mettre les quatre pattes dans l’eau avec le mot « va dans l’eau », à chaque fois qu’il effectue le comportement « yes » + friandise donnée en dehors de l’eau.
• Je dis « va dans l’eau » puis je l’invite à marcher, en marchant moi-même dedans ou à côté, en fonction de l’environnement. J’attends qu’il fasse un pas puis « yes » + friandise ou joute, donné en dehors de l’eau ou là où il se trouve, en fonction de son langage corporel. Puis j’augmente le nombre de pas.
• Idem mais en portant le gilet de sauvetage.
• Changement d’environnement, de sorte à avoir une pente douce qui descend jusqu’au moment où il n’aura « plus pattes ». Il porte son gilet de sauvetage, je demande le « va dans l’eau » quelques fois et je renforce « yes » + donne la friandise ou le jouet en dehors de l’eau.
• Idem, mais cette fois, lorsqu’il marche, je tiens la poignée du gilet de sauvetage.
• Idem et lorsqu’on arrive à l’endroit où il devra nager, je lance un jouet à quelques centimètres (Véga adore jouer) et je mets une légère pression vers l’avant en tenant le gilet de sauvetage. Si Véga suit le mouvement que j’initie, je lâche et le laisse attraper le jouet, si Véga essaye de freiner ou reculer, je lâche et il retourne sur la plage, puis je ramène le jouet et on joue sur la plage.
• Si l’étape précédente est une réussite, alors je tiens le gilet de sauvetage sans initier de mouvement vers l’avant (pour rassurer Véga), puis je répète cette étape, jusqu’à ne plus tenir le gilet de sauvetage.
• Et enfin, je dis « va dans l’eau », quand Véga est dans l’eau, je lance le jouet un peu plus loin (pour augmenter la durée de nage) et je lui donne le signal pour poursuivre et rattraper ce jouet en nageant.

⚠️ Attention, ce plan a été conçu pour un chiot, avec ses propres motivations et spécificités, il n’est donc pas adapté à tous les chiots ou chiens !

 Le plus important ici me semble être : d’observer le chiot, d’adapter le plan d’entraînement à ses comportements et de ne pas forcer. Avec Pheïko, l’un de mes chiens, je me suis arrêtée à l’étape « marcher dans l’eau » et il ne nagera probablement jamais car c’est quelque chose qui l’inquiète vraiment et insister serait délétère pour notre relation et le mettrait en difficulté.

À la plage avec mon chiot, quels sont les dangers ?

Voici une liste des dangers principaux à la plage à connaître, pour profiter pleinement de cette expérience avec votre chiot, en toute sécurité :

• Brûlures des pattes sur le sable chaud : En plein été, pensez au fait que le sable ou les galets peuvent devenir très chauds. Le sol peut alors t brûler les coussinets de votre chiot ou chien. Pour éviter cela, il est conseillé de marcher tôt le matin ou en fin d’après-midi, lorsque le sol est plus frais. Vous pouvez aussi tester la température vous-même, en posant votre main ou votre pied dessus avant de laisser votre chiot marcher.
• Chaleur excessive : La chaleur peut rapidement devenir dangereuse pour un chien. Privilégiez les sorties à la fraîche, le matin ou en soirée et assurez-vous qu’il ait toujours accès à de l’eau fraîche, qu’il ne reste pas trop longtemps exposé au soleil et qu’il ait accès à des zones ombragées.
• Objets coupants : Sur une plage composée de sable, les débris ou les coquillages peuvent couper les pattes ou la bouche de votre chien. Sur une plage composée de galets ou cailloux, vous pouvez retrouver des débris également, en plus des cailloux eux-mêmes qui peuvent être pointus et qui peuvent blesser les pattes de votre chien.
• Eau de mer : La mer peut contenir des algues, et boire de l’eau salée peut provoquer des troubles digestifs ou la déshydratation. Surveillez votre chiot pour qu’il ne boive pas trop d’eau salée et rincez-le à l’eau douce après une baignade.
• La faune : Certaines espèces comme les méduses ou certains insectes peuvent représenter un danger pour les chiens. Soyez vigilant et évitez que votre chiot ne s’approche de ces animaux.

Pour résumer, comment réussir la première sortie plage avec son chiot ?

Pour réussir la première sortie à la plage avec votre chiot, il est essentiel de bien préparer cette expérience afin qu’elle se déroule dans la joie et la sécurité. Mon conseil principal est de prendre le temps d’entraîner à la maison, dans votre jardin ou dans des parcs, les compétences et comportements prérequis, avant d’aller sur une plage.