Disclaimer : Dans cet article, pour faciliter la lecture, j’utilise le terme “chiens” de manière générique. Cependant, ces propos s’appliquent également aux chiennes. Tous les principes et propositions mentionnés concernent autant les chiens que les chiennes, car le respect de leur consentement et de leurs préférences est universel.
Introduction
Avez-vous déjà demandé la permission à votre chien pour se faire caresser ? 😊

Vous êtes-vous déjà demandé si votre toutou aime se faire caresser, et si oui, à quel moment de la journée, à quel endroit et sur quelle partie de son corps ? Chaque chien est unique et a ses propres préférences en matière de caresses et de câlins. Dans cet article, nous explorerons pourquoi et comment respecter la volonté de votre chien concernant les caresses, en lui permettant de décider s’il souhaite être caressé ou non.
Le Consentement aux Caresses
Définition – Consentement
(Nom Masculin)
Action de donner son accord à une action, à un projet ; acquiescement, approbation, assentiment : Il a agi avec mon consentement.
Source : Larousse
Pourquoi le consentement est important pour caresser son chien ?
Comme pour les humains, il est souhaitable que les chiens puissent choisir si, quand et par qui ils sont caressés. Ils doivent également pouvoir retirer ce consentement à tout moment. Imposer des caresses non désirées peut créer de l’inconfort, et bien que certains chiens puissent « se laisser faire », d’autres peuvent réagir par des grognements ou même des morsures. Le consentement est donc crucial pour caresser son chien en maintenant une relation harmonieuse et sécurisée avec eux.
En plus d’assurer la sécurité de tous, apprendre à un chien à exprimer son consentement pour les caresses lui donne plus de contrôle sur son environnement, ce qui renforce la confiance et le sentiment de sécurité. Caresser son chien en respectant son choix rend ces moments agréables pour lui et peut même l’encourager à solliciter davantage de contacts affectueux.
Le modèle du compte en banque relationnel – Par le Dr. Susan G. Friedman (1)
Le Dr. Susan Friedman Ph. D., professeur émérite au département de psychologie de l’Université de l’Utah, nous dit que « comme la plupart des choses ayant à voir avec les relations, la confiance n’est pas une simple dichotomie. C’est plus complexe que « vous l’avez ou vous ne l’avez pas ». Entre être millionnaire et être en faillite, il y a beaucoup de niveaux de confiance, et cela rend le compte en banque relationnel une métaphore vraiment utile.
Le but de toutes nos relations est de construire un compte en banque de confiance suffisamment solide pour résister aux retraits qui se produisent inévitablement avec nos animaux et les uns les autres.
La monnaie internationale du compte en banque relationnel est l’interaction positive. Nous faisons des dépôts dans le compte en banque relationnel, une interaction positive à la fois.
Les interactions positives ne concernent pas seulement les animaux qui gagnent des récompenses précieuses, il s’agit aussi avoir la possibilité de faire des choix.
Nous effectuons des retraits du compte en banque relationnel avec des interactions négatives telles que la force, les menaces et la punition. Si un retrait est si grand qu’il dépasse un solde positif, nous risquons de mettre la relation dans le rouge ; mais même de petits retraits involontaires peuvent s’accumuler au fil du temps, ce qui peut provoquer la faillite de la relation.
Chacun de nous a un compte en banque relationnel avec chaque animal et personne dans sa vie. La meilleure façon de protéger un compte en banque relationnel est de vous assurer que vous faites beaucoup plus de dépôts que de retraits. »
(1) https://www.behaviorworks.org/files/articles/The%20Power%20of%20Trust.pdf

Choix et contrôle, un renforçateur primaire pour chaque individu
Le contrôle est raisonnablement classé comme étant un renforçateur primaire, c’est-à-dire une exigence innée et nécessaire à la survie et à la santé comportementale.
Comme l’ont mentionné Leotti, et al. (2), « Les données convergentes issues de la recherche sur les animaux, des études cliniques et des travaux de neuroimagerie suggèrent que le besoin de contrôle est un impératif biologique pour la survie, (…) »
(2) Leotti LA, Iyengar SS., Ochsner KN. Born to Choose: The Origins and Value of the Need for Control. Trends in Cognitive Science 2010; 14(10): 457-463.
Quel rapport avec les caresses ?
Caresser son chien son chien en lui permettant de choisir s’il souhaite ou non être caressé a des implications profondes pour notre relation avec lui. En respectant son consentement, nous remplissons ce que le Dr. Susan G. Friedman appelle le “compte en banque relationnel”. Chaque interaction positive, comme une caresse consentie, agit comme un dépôt dans ce compte, renforçant ainsi la confiance et le sentiment de sécurité entre nous et nos chiens. Cela signifie que ces moments de tendresse sont toujours agréables et bénéfiques pour nos compagnons, car ils se déroulent selon leurs propres termes.
De plus, offrir à nos chiens la possibilité de décider quand et comment ils sont touchés favorise leur bien-être physique et mental. Lorsqu’un chien a le contrôle sur les interactions qui le concernent, cela a pour effet de réduire le stress et l’anxiété, contribuant ainsi à une meilleure santé globale. En intégrant cette pratique dans notre routine quotidienne, nous ne faisons pas seulement plaisir à nos chiens, mais nous améliorons également leur qualité de vie de manière significative.
En somme, caresser son chien en lui permettant de consentir aux caresses enrichit non seulement notre relation, mais soutient aussi leur bien-être général. Cela crée une dynamique de respect et de confiance qui rend chaque moment partagé encore plus agréable pour tout le monde. Rien que ça !
Les premiers indices : respecter son langage corporel
Pour enseigner à nos chiens à consentir aux caresses, il est essentiel de prêter une attention particulière à leurs signaux corporels et à leurs réactions. Comprendre et interpréter correctement le langage corporel de nos compagnons canins nous permet de mieux respecter leurs souhaits et leurs limites.
Certains signes de consentement incluent : un chien qui se rapproche de nous, se penche vers nous, ou pousse doucement une partie de son corps contre notre main exprime probablement son désir de recevoir des caresses. Ces comportements indiquent probablement que le chien est à l’aise et cherche activement le contact physique.
D’autre part, il est tout aussi important de reconnaître les signes de désaccord ou d’inconfort. Un chien qui s’éloigne, évite notre regard, bâille de manière répétée, ou se lèche les babines manifeste plus probablement son souhait de ne pas être touché. Ces signaux sont des indicateurs que notre chien préfère éviter l’interaction physique à ce moment-là. Ignorer ces signes peut conduire à un stress et même à des comportements indésirables.
Comme toujours, chaque individu est différent et pourra donc exprimer différemment son confort ou inconfort à se faire caresser.
Le respect du langage corporel de nos chiens est la clé pour établir une communication claire et bienveillante. En observant attentivement et en apprenant à décoder ces indices subtils, nous pouvons mieux répondre aux besoins émotionnels et physiques de nos chiens.

Les comportements de consentement
Dans le but de respecter le consentement de notre compagnon lorsque nous voulons le caresser, nous pouvons lui apprendre un « comportement de consentement ».
Un « comportement de consentement » est un comportement que notre chien émet pour dire “oui” à quelque chose qui va se produire. Le comportement de consentement est d’ailleurs le fondement des entrainements en « Soins Coopératifs Animaliers ».
Pour en savoir plus à propos des soins coopératifs animaliers, je vous conseille ce super Webinaire :
https://muzoplus.fr/produit/webinaires/debuter-les-soins-cooperatifs-medical-training/
En d’autres termes, ce comportement nous permet de créer un dialogue avec l’animal :
- Comportement de consentement = OUI
- Tous les autres comportements = NON
Exemple comportement de consentement :
- Je montre ma main à mon chien, paume vers lui.
- Mon chien se dirige vers moi et touche ma main avec une partie de son corps
(C’est le comportement de consentement = Mon chien me dit « oui »)
- Je le caresse
- Je montre ma main à mon chien, paume vers lui.
- Mon chien me regarde sans s’avancer ou tourne la tête, reste immobile, s’éloigne, etc.
(Ce n’est pas le comportement de consentement = Mon chien me dit « non »)
- Je ne le caresse pas
Renouvellement du consentement
Quand mon chien accepte la caresse, cela ne signifie pas qu’il l’accepte sur n’importe quelle partie du corps ou pendant aussi longtemps que nous le désirons. Dans le but de s’assurer que nous partageons toujours un moment de plaisir, nous pouvons renouveler le consentement.
Pour cela, nous allons faire une courte pause.
Nous pouvons simplement stopper la caresse, reproposer la main comme nous l’avons fait à l’étape précédente et vérifier si le chien souhaite de nouveau se faire caresser ou non.
En observant bien les comportements du chien, on peut parfois observer qu’il dirige une partie spécifique du corps vers notre main. C’est cette partie là que nous devrions caresser ! le « Right Spot » ! 😊
Par exemple : mon chien, Jango, va régulièrement commencer par me toucher la main avec sa tête en signe de consentement. Ensuite il va faire glisser ma main le long de son corps jusqu’à ses fesses. C’est là qu’il préfère être gratouillé !
Caresser les chiens inconnus
Caresser son chien avec son consentement est essentiel, et cela devient encore plus important lorsqu’il s’agit de chiens que nous ne connaissons pas. En effet, un chien peut plus facilement pardonner une caresse non sollicitée de la part de son humain préféré, avec qui il a un fort lien de confiance (un grand compte en banque relationnel), qu’un humain inconnu qu’il n’a jamais rencontré.
Pour les chiens inconnus, il est d’abord crucial de demander à leur gardien s’ils aiment les caresses, s’ils sont à l’aise avec les humains inconnus, et s’ils souhaitent être caressés à ce moment précis. Le gardien connaît probablement mieux le chien et peut donner des indications précieuses. C’est une étape importante avant d’aller plus loin.
Vous avez obtenu la permission de caresser ce magnifique toutou ? Parfait ! Passons à la deuxième étape : l’évaluation du langage corporel. Observons attentivement le chien. S’il halète, tire la langue, détourne le regard, a les oreilles en arrière, la queue basse ou le poids du corps orienté à l’opposé de nous, il ne souhaite probablement pas interagir.
Au contraire, si le chien initie un contact physique avec nous et affiche un langage corporel « joyeux », on peut proposer une interaction physique. Assurons-nous qu’il initie le contact par lui-même. Ensuite, alternons entre des propositions de contact physique et des pauses pour vérifier que le chien reste à l’aise tout au long de l’interaction.
Caresser les chiens avec leur consentement, qu’ils soient connus ou inconnus, renforce la confiance et la sécurité, créant ainsi des interactions positives pour tous.
A propos des enfants
Ces principes sont encore plus cruciaux à enseigner aux enfants dès leur plus jeune âge. En raison de leur vulnérabilité en cas de morsure, il est essentiel de les sensibiliser pour garantir leur sécurité.
La technique du « Pat-Pet-Pause » (ou Propose – Caresse – Pause) – Par The Family Dog
La méthode précédente a été inspirée par le “Pat, Pet, Pause” de The Family Dog, en voici l’illustration traduite en français par Marion Terrée :

A propos des autres espèces
Le consentement aux caresses ne concerne pas uniquement les chiens, mais s’étend à toutes les espèces animales. Chaque animal est un être unique avec ses propres émotions, expériences et préférences. Il est donc essentiel de prendre en considération ces aspects lors des interactions physiques.
Que ce soit un chat, un cheval, un lapin, un mouton ou tout autre animal, chaque individu a ses propres limites et préférences en matière de contact physique. Par exemple, certains chats peuvent aimer les caresses sur la tête mais détester être touchés sur le ventre. De même, certains chevaux peuvent apprécier une caresse sur le cou, mais réagir négativement à un contact autour des pattes.
Respecter le consentement de ces animaux implique également de prêter attention à leurs signaux corporels et à leurs comportements. Observer des signes tels que le déplacement du corps, le regard évitant, le hérissement des poils, ou des vocalisations spécifiques peut nous indiquer si un animal est à l’aise ou non avec une interaction. En respectant ces signaux en s’éloignant, nous montrons que nous prenons en compte leurs besoins et leur bien-être.
En élargissant notre compréhension du consentement animal, nous pouvons instaurer une relation plus éthique et respectueuse avec toutes les espèces qui partagent notre monde. Cette approche favorise un environnement où les animaux se sentent en sécurité et respectés, ce qui contribue à leur bien-être général et à une cohabitation harmonieuse avec les humains. En fin de compte, reconnaître et respecter le consentement de chaque animal est un pas important vers une société plus compassionnelle et consciente.
Conclusion
En conclusion, caresser son chien et autres animaux avec leur consentement est un aspect essentiel de notre relation avec eux. En leur permettant de décider quand et comment ils souhaitent être caressés, nous leur offrons plus choix et de contrôle sur leur environnement, plus de bien-être physique et mental. Cela contribue à éviter tout inconfort ou comportement indésirable, favorise la sécurité de tous et valorise les moments de tendresse partagés. En apprenant à respecter le consentement de nos animaux, nous renforçons le lien qui nous unissent et créons une relation harmonieuse.
Réponses
Article très intéressant, applicable aux humains…