Partir en vacances avec son chien qui garde les ressources ? C’est possible !

Disclaimer :
➡️ Avant de plonger dans les conseils spécifiques aux chiens ayant des comportements dits de garde de ressources, je vous recommande de lire l’article “Se préparer à partir en vacances en France, avec son chien et/ou son chat”. Il met en avant l’importance de :

• choisir soigneusement un hébergement adapté
• préparer son animal avec des entraînements graduels et progressifs liés au voyage prévu
• sélectionner toutes vos affaires allant du couchage aux soins de base
• aménager votre hébergement en fonction des besoins et préférences de votre animal.

➡️Chaque individu étant différent, il est possible qu’il soit nécessaire d’adapter les conseils partagés à votre séjour en vacances et à votre chien. N’hésitez pas à faire appel à un professionnel du comportement pour préparer au mieux votre séjour !

Définitions

La garde de ressources ou protection de ressources :
Selon le Larousse, le terme “garde” est défini comme suit : “1. Action de garder, de tenir sous sa protection, de protéger, de surveiller ou de conserver”, comme développé dans un précédent article.
Le terme de garde de ressources désigne les comportements qu’un chien peut adopter (comme se figer, grogner, montrer les dents, claquer des mâchoires, voire mordre) lorsqu’il veut empêcher un autre animal humain, ou non humain, de s’approcher d’une ressource qu’il juge précieuse. Nourriture, objet, localisation ou même un autre individu sont les types de ressources à protéger. Il s’agit d’un comportement normal et naturel qui répond à un instinct de survie et vise à éviter la perte d’un élément jugé vital. 

Les vacances : 
Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), on utilise le terme “vacances” pour “qualifier l’ensemble des déplacements d’agrément comportant au moins quatre nuits consécutives hors du domicile”.
C’est-à-dire des déplacements effectués pour le plaisir, le loisir ou la détente, par opposition aux déplacements contraints.

Sur la base de ces définitions, on peut imaginer la raison pour laquelle partir en vacances avec un chien qui émet des comportements de garde de ressources peut être compliquée :
➡️un environnement nouveau 🌊🏞🌾🏙
➡️des routines chamboulées pour une durée variable ⏰🏖🥾🐾
➡️des ressources potentiellement plus nombreuses ou moins faciles à gérer 🆕🛍🧸
➡️et tout plein d’autres facteurs !

Ces conditions peuvent amplifier les comportements de garde et générer des tensions entre le binôme. Pour autant, cela ne veut pas dire que voyager ensemble est impossible et c’est le sujet que nous allons explorer dans la suite de cet article.

Prévoir le quotidien en vacances avec son chien qui garde avant même d’y être !

Être exposé à de nouvelles ressources, à plus de stimulations sensorielles, à des situations probablement plus difficiles que dans son quotidien, découvrir un nouveau logement et s’y sentir en sécurité…
Finalement, partir en vacances pour son chien qui garde peut lui demander de préparer et/ou de renforcer des compétences dans son répertoire comportemental. Pour vous, anticiper, sécuriser et s’adapter sur la durée du séjour seront les clés pour favoriser un séjour harmonieux tous ensemble.

Emmener son chien dans des endroits inconnus

Pour quelques heures, puis une journée, puis un weekend, etc… L’objectif est de s’assurer qu’il soit en capacité de découvrir de nouveaux endroits avant d’envisager de l’emmener en vacances avec vous. Lors de ces moments veillez à ses signaux de communication pour s’assurer qu’il passe un bon moment et pouvoir mettre fin à l’expérience si ce n’est pas le cas.

Voici une photo d’Aska au bureau de mes parents, un jour où seule ma maman y était présente, pour la demie journée. C’était la toute première fois pour Aska et il a pu accéder à l’ensemble des pièces, explorer, jouer en sécurité, observer et se relaxer.

Matériel de voyage pour votre chien qui garde

Si vous voyagez en voiture, emmener du matériel pour sécuriser davantage l’espace est toujours une bonne idée :

• Barrières pliables ou solutions pour sécuriser l’espace (ex : parc à chien, barrière bébé).
• Bocaux hermétiques ou pochettes à friandises à garder sur soi.
• Tapis ou couchage en fonction du besoin de confort de votre chien.
• Uniquement des jouets et objets sans historique de garde et/ou qui ne ressemblent pas à des éléments déjà gardés.

Connaître les habitudes de son chien

Ses couchages préférés, les zones de repos, les zones où il a pu émettre des comportements de garde, les stratégies en place pour éviter les récupérations de ressources et donc rendre impossible certains comportements de garde de ressources… Comme vous partagez votre quotidien avec votre chien dans un même logement, vous connaissez déjà ses habitudes et les situations à risque. L’idéal est de le transposer à votre hébergement de vacances puis d’ajuster progressivement au fil du séjour.

Ci-dessous un exemple de logement regroupant les différentes zones sensibles de mon chien Aska (qui cohabite avec mon chat Robinson) :

Pour précision :

• zone avec historique de garde : un endroit où le comportement de garde a déjà été observé au moins une fois et ce, peu importe l’intensité et la durée.
• zone de repos : un endroit où le chien se repose, c’est-à-dire qu’il peut s’y coucher avec ou sans sommeil profond.
• zone de rapport de ressources : l’endroit où le chien ramène et dépose une ressource qui a de la valeur pour lui. S’en suit généralement un risque plus élevé d’observer des comportements de garde à cet endroit.

Ex : mon chien récupère un stylo tombé dans la cuisine et le dépose sur le tapis du salon.

• zone de récupération de ressources : un endroit où le chien peut récupérer des ressources ayant de la valeur pour lui. Il peut les récupérer pour les emmener dans une zone de rapport de ressources, les ingérer ou même rester où il se trouve pour garder sa ressource disponible.

Ex : mon chien récupère une carotte sur le sol de la cuisine (zone de récupération), après qu’elle me soit tombée des mains, et il l’emmène sur le tapis du salon (zone de rapport).

• baby gate : barrière bébé utilisée pour séparer les espaces.

Choix du logement en amont

Vérifier que l’hébergement offre des conditions adaptées à votre chien et permettra de vous mettre en sécurité si nécessaire (espaces séparables, possibilité de fermer certaines pièces, jardin clôturé, pas d’accès facile aux poubelles, etc.).

Préparer et sensibiliser les co-vacanciers

Si vous partez avec famille ou amis, les informer en amont des stratégies à maintenir sur la durée du séjour pour veiller à la sécurité de tous : rester à bonne distance de ses jouets et de ses affaires, le laisser tranquille quand il est sur son couchage, si une situation difficile se profile avec une ressource laisser son humain la gérer, etc.

Instaurer le Pat-Pet-Pause de The Family Dog est une jolie façon d’apprendre à tous de respecter le consentement à la caresse de votre chien et de répondre à leur besoin d’attention envers votre chien. Ci-dessous la version traduite en français par ma consoeur Marion Terrée de Nobody’s Perfect :

Gestion des repas en extérieur

Que ce soit dans le jardin de l’hébergement, sur la plage, en pique-niques pendant une randonnée, une invitation chez des amis… Réfléchir à ce point en amont permet de définir le type de vacances adaptées à chacun et de vous assurer que vous avez des stratégies pour votre chien dans le cas de comportements de garde de ressources.

Les entraînements avant le départ

• le point d’attache : parfois dans de petits espaces comme dans un studio, il n’est pas possible d’éloigner son chien pendant les repas. Prévenir en lui apprenant progressivement à être à l’attache hors contexte des repas, puis pendant les repas, avec un tapis de relaxation (si pas d’historique de garde), peut être une stratégie très utile au quotidien et lorsque les repas se déroulent au sol comme dans les pique-niques.

Ci-dessous, Aska à l’attache dans deux contextes différents : un repas avec mes parents et un pique-nique en tête-à-tête pendant une randonnée.

• Reproduire certaines situations probables en vacances : repas en extérieur, invités qui passent, objets nouveaux au sol… Toujours en fonction des compétences de votre chien, à son rythme et très graduellement pour que cela soit toujours un bon moment.

• Avoir des stratégies en cas d’urgence : parfois malgré toute l’énergie déployée, des situations de garde de ressources peuvent nécessiter une intervention pour la sécurité de votre chien (ex : il a récupéré une serviette de plage qu’il déchiquette et ingère). Dans le cas où les comportements de garde de ressources votre chien n’ont pas d’impact sur la sécurité de son environnement (pas de morsure ou de tentative de morsure) ou un impact faible (tentative de morsure), je vous conseille de :
  • ➡️garder votre position
  • ➡️être de profil ou dos à votre chien
  • ➡️d’envoyer une poignée de friandises au loin pour écarter votre chien de la ressource
  • ➡️puis de recommencer l’opération, jusqu’à le diriger vers une pièce qu’il est possible de fermer ou à l’extérieur en y jetant une grande poignée de friandises.
  • ➡️Récupérez la ressource, mettez là hors de portée
  • ➡️réouvrez la pièce ou l’extérieur où se trouve votre chien.

Dans des cas plus graves, je vous recommande vivement de faire appel à un professionnel du comportement canin pour vous accompagner et créer ensemble des outils et stratégies individualisés et adaptés pour votre chien et ses comportements de garde de ressources.

Par opposition, si votre chien récupère des ressources qui n’ont pas d’impact pour sa sécurité, ignorez-le et éloignez-vous de lui à chaque fois qu’il vous fixe tout en continuant votre activité et sans interagir avec lui.

Se faire accompagner par un professionnel de la santé canine

Si votre chien semble confortable en milieu inconnu, mais inconfortable pendant les trajets (voiture et/ou train) ou que vous souhaitez vous assurer d’avoir toutes les options en main si besoin, n’hésitez pas à en discuter avec votre vétérinaire.

Plan B

Dans l’objectif que cela reste un plaisir pour tous, prévoyez une alternative si le séjour devenait trop difficile pour votre chien comme pour vous (retour au domicile, pension connue, dog-sitter de confiance, proches).

Organiser l’arrivée sur le lieu de vacances par étapes

1️⃣Sécuriser le lieu avant tout

• À l’intérieur : Avant même de laisser votre chien accéder au logement, commencez par ranger les ressources sensibles hors d’accès et fermer les espaces qui ne doivent pas être accessibles. C’est également à ce moment-là que vous pouvez installer votre matériel (barrières, parcs à chien, etc.). Une astuce simple : un étendoir à linge plié peut être une barrière efficace, de même que des chaises alignées les unes à côté des autres.

Voici un exemple dans trois types de logement que nous avons visité avec Aska :

Identifiez également la pièce ou la zone qui pourrait être utilisée dans le cas où il s’avérerait nécessaire d’isoler votre chien (pour l’aider à mieux se reposer, pour la sécurité de tous pendant les repas, etc.)

• À l’extérieur : Vérifier si le jardin est bien clôturé. Repérer les zones sensibles (barbecue, table de pique-nique, jouets d’enfants, etc.).

2️⃣Installer les repères de votre chien

Zones de couchage, point d’eau, jouets sans historique de garde… Ces repères l’aideront à se sentir en sécurité plus rapidement.

Un exemple en photo d’une partie d’un aménagement d’environ 20m2 (nous vivons dans 50m2) à l’arrivée. Les couchages ont initialement été multipliés pour permettre à Aska d’avoir le choix lors de notre arrivée. À noter que nous avons la possibilité de faire comme cela au vu des compétences d’Aska, mais ce n’est peut-être pas possible avec votre chien.

3️⃣Avoir des friandises à disposition à tout moment

En fonction de vos habitudes et de la sensibilité de votre chien : placez quelques bocaux hermétiques de friandises ou des zips de congélation dans des tiroirs/autres localisations dans différentes pièces du logement ou gardez votre pochette à friandises sur vous. Cela vous permettra d’agir rapidement en cas de situation sensible.

4️⃣Décharger et ranger vos affaires avant l’exploration

Poser vos valises et ranger les courses avant que le chien n’ait accès à l’espace. Bruits de sacs, ressources au sol touchées, allers-retours… Cela peut être plus difficile pour votre chien, d’autant plus dans un lieu inconnu. Si votre chien ne sait pas rester seul : vous voyagez à deux, l’un s’occupe de l’aménagement, et l’autre d’être avec le chien. Si vous voyagez seul, vous pouvez aussi prendre les affaires et les mettre dans les pièces puis refermer la porte à la suite (ex : valise dans la chambre).

5️⃣Rappel des règles aux co-vacanciers

Si vous voyagez à plusieurs, dès l’arrivée, réexpliquez aux personnes présentes les règles de base avec votre chien pour vous assurer qu’elles soient bien comprises.

6️⃣Découverte progressive du logement

Proposer une exploration en longe ou en laisse longue pour l’accompagner dans la découverte des lieux. Observez ses réactions, laissez-le prendre le temps de prendre les informations de chaque espace où il a la possibilité d’accéder. Pour faciliter encore plus la découverte et si vous voyagez à plusieurs, demandez aux autres humains présents de rester assis autour d’une table par exemple, dans l’objectif de limiter les passages et favoriser le calme. Vous pouvez aussi mettre de la musique de relaxation ou piano et finaliser l’exploration par une séance de relaxation avec votre chien (comme le Protocole de la Fourchette Magique de Lisa Longo à voir ci-dessous).

7️⃣Prévoir une première journée/soirée calme

Après un long voyage, prévoir le reste de la journée/la soirée au calme pour permettre à votre chien de bien récupérer pour être capable de vivre plus sereinement les interactions et découvertes du lendemain.

S’ajuster, sécuriser et s’adapter tout au long de vos vacances

Anticiper les activités extérieures

Pique-niques, randonnées, terrasses… Ou tout autre activité en fonction de vos goûts avec votre chien. Avant de partir, réfléchissez à vos solutions et au matériel qui facilitera son confort et sa sécurité (longe, muselière, tapis de relaxation, coin tranquille, etc.). Sur place, observez son état de fatigue ou d’attention pour adapter la durée et l’intensité de l’activité et ainsi limiter sa fatigue et son stress.

Penser à ralentir

Les vacances peuvent être synonymes d’activités plus nombreuses et/ou plus intenses et non seulement cela contraste avec votre routine et celle de votre chien, et cela peut aussi créer de la fatigue et impacter la bonne récupération de votre chien. Si vous voyez que votre chien semble plus fatigué, en vigilance plus fréquemment, qu’il a des difficultés à se reposer ou qu’il émet des comportements de garde de ressources dans des contextes qui n’étaient pas le cas avant (ou plus souvent, plus intensément), n’hésitez pas à adapter votre rythme avec des journées à venir plus calmes (promenades plus courtes, plus de moments de repos et de relaxation, etc.).

Maintenir une routine stable

La stabilité, la prévisibilité et le sentiment de contrôle sont rassurants pour tous y compris pour votre chien. Essayez de garder vos horaires habituels pour les repas, les balades/activités et les temps de repos. Cette continuité aide à faire face plus facilement à un nouvel environnement.

Observer et ajuster vos actions

Les besoins de votre chien peuvent évoluer au fil des jours. Réévaluer régulièrement vos actions, car ce qui fonctionne au début peut nécessiter des ajustements en cours de vacances : réorganiser les couchages ou réadapter l’organisation des pièces pour plus de sécurité ou si votre chien change de zones préférées.

Cela passe aussi par varier les activités ou créer davantage de moments à deux : jeux promenades, sport, entraînements courts… Tout cela pour continuer de renforcer votre lien de confiance même dans un contexte différent de celui de votre quotidien.

Plan de gestion en cas de difficulté

Seul ou avec l’aide d’un professionnel du comportement canin, ayez bien en tête les stratégies que vous pouvez utiliser en cas de comportement de garde de ressources ayant un impact pour la sécurité de votre chien.

Et comme lors de l’organisation de votre arrivée…

• Veiller à la sécurité : en limitant voire en rendant impossible l’accès aux ressources qui pourraient être gardées.
• Friandises toujours à disposition : de haute valeur selon votre chien pour apaiser les situations qui pourraient devenir compliquées.
• Communiquer avec vos co-voyageurs : en réexpliquant à vos proches les règles de base avec votre chien si nécessaire, voire en séparant votre chien.

En conclusion pour partir en vacances avec votre chien qui garde les ressources

En vacances, vivre avec un chien qui garde demande de la vigilance et de l’adaptation au quotidien. Plus que jamais, il s’agit d’adapter son rythme, de sécuriser l’environnement et d’ajuster ses actions pour préserver la stabilité de ses repères et pour l’aider à se sentir en confiance.

Observer ses signaux, respecter ses besoins d’espace et/ou de repos et expliquer les règles aux proches permettent de limiter les tensions et d’offrir à votre chien un cadre rassurant et de limiter son stress éventuel Stress chez le chien : concepts, stresseurs et effets sur l’organisme. Avec de l’anticipation et de la préparation, il est tout à fait possible de profiter de moments sereins ensemble, même en dehors du domicile. Même en dehors des routines habituelles.

Toutefois, certains chiens, dits plus sensibles peuvent rencontrer des difficultés trop importantes dans un nouvel environnement et donc en vacances (qu’ils émettent des comportements de garde de ressources ou non). Dans ces cas, il est souvent plus respectueux de leur bien-être de rester dans un environnement familier ou de prévoir une alternative adaptée (pet-sitter, garde par les proches, pension, etc.).

Et il est tout aussi important de rappeler que vous aussi vous pouvez avoir besoin de profiter de vacances sans votre chien. C’est parfois tout simplement la meilleure décision pour l’équilibre de chacun, la meilleure décision pour pouvoir continuer de Robinsonner Ensemble au quotidien 🤍