L’article qui suit est le témoignage de Cristina Goi, élève de Lisa Longo en cours présentiel et en cours en ligne “Face à l’Environnement”. Le texte est publié dans son intégralité, sans modification de notre part. N’oubliez pas d’aller consulter son site internet, en lien en bas de l’article.
Depuis près de 2 mois, je passe des heures interminables à regarder le curseur sur mon écran occupé à faire des va-et-vient, des va-et-vient, alors que j’écris constamment puis j’efface quatre simples mots : mon chien est réactif.
Faire face au fait que j’ai moi-même un chien réactif était vraiment difficile, mais l’admettre publiquement est mille fois pire car je fais face à la honte humiliante des critiques des autres selon lesquelles j’aurais échoué mon chien. Je suis propriétaire d’un chien réactif depuis plus de huit ans maintenant et je ne suis pas nouvelle aux jugements des autres, acérés comme des rasoirs : “Votre chien est méchant”, “Vous n’êtes pas un bon propriétaire de chien”, “Regardez l’état de ce chien »,
« Ce chien doit porter une muselière en tout temps », et pire encore. Bien, bien pire.
Au fil du temps, j’ai réalisé que je ne suis pas seule. Nous sommes nombreux à avoir honte de nos échecs apparents en tant que propriétaires de chiens, désespérés que la situation ne changera jamais et totalement seuls à porter ce lourd fardeau.
Nous promenons nos chiens tôt le matin ou tard le soir quand il est calme, nous connaissons tous les endroits les plus isolés où nous sommes constamment à la recherche de quelque chose, de tout ce qui pourrait faire réagir notre chien. Nos vies sont gouvernées par une gestion méticuleuse afin de réduire la possibilité d’un incident et nous ne pouvons jamais vraiment nous détendre.
Ce n’était pas ainsi que nous imaginions notre vie de propriétaire de chien lorsque nous avons eu notre chiot dans les bras pour la première fois. Tant de fois, nous nous admettons secrètement que nous aimerions simplement abandonner, jeter l’éponge, sauter de ce train parce qu’il ne fonctionne pas et que nous sommes en fait tellement fatigués de tout cela.
Mais nous ne le faisons pas. Nous ne sommes pas comme ça : nous n’abandonnons pas nos animaux. Nous savons que notre chien n’est pas « méchant », nous savons juste que quelque chose quelque part au cours du parcours a mal tourné et que nous et notre chien réactif ne nous en sortons pas très bien du tout. Nous nous sentons hors de contrôle et nous ne pouvons plus ignorer les yeux expressifs et déchirants de nos chiens qui reflètent d’émotions de confusion, de peur ou de panique totale dans certaines situations et nous réalisons que notre chien est également hors de son propre contrôle. Lorsqu’ils sont seuls et dans un environnement sûr et familier, nous voyons nous-mêmes à quel point il est un chien formidable et nous nous tordons les mains de désespoir d’être les seuls à le savoir.
Voici mon histoire et celle de mon chien-loup tchécoslovaque, Brenin. Ce sont nos montagnes russes personnelles et comment nous avons chevauché l’illusion de l’efficacité du training traditionnel, plongeant dans une chute libre vertigineuse de désespoir et, avec la reconstruction du training modern, la résurrection finale.
Jusqu’à mes 24 ans, je ne me souviens pas d’un seul mois de ma vie où je n’avais pas eu de chien. À l’époque, dans mon village natal en Italie, avoir un chien était ce que tout le monde faisait et personne n’en faisait grand-chose. Il n’y avait pas de classes pour chiots, de rangées et des rangées de jouets, des friandises, des tapis de dressage pour chiots et des harnais dans les magasins. Les temps étaient différents à l’époque et on ne s’attendait pas à ce que les chiens restent assis tranquillement pendant des heures sous les tables des restaurants, marchent doucement avec nous dans les centres commerciaux bondés et saluent poliment les étrangers qui sont entrés dans notre espace. Ils n’étaient « que le chien ».
Après l’université, j’ai déménagé au Luxembourg et dix ans plus tard, j’ai ramené à la maison un jeune chiot de chien-loup tchécoslovaque. Les temps avaient changé, notre société est maintenant plus complexe, notre acceptation des comportements antisociaux a diminué, nos attentes ont augmenté. J’avais l’intention de faire de lui le chien le plus sociable, le plus obéissant et le plus compétent possible dans toutes les situations. Je n’aime pas les travails bâclés, je ne suis pas un chef de projet à demi enthousiaste et je me suis pourtant engagée à 100% dans ce projet : j’ai inscrit Brenin à des cours de chiots, des cours de formation à l’obéissance, des séminaires de toutes sortes d’activités telles que l’agility, le trick-dogging et le pistage. Pour une socialisation accrue, je l’ai inscrit dans une garderie cinq fois par semaine et nous avons eu des séances d’exposition bi-hebdomadaires au centre-ville et au centre commercial. Toutes les chances de s’entraîner ont été saisies, peu importe la météo, l’emploi du temps quotidien ou l’épuisement.
Malheureusement, je me rends compte seulement maintenant que mon travail avec Brenin était axé sur mes objectifs et mes aspirations. Mon chien n’avait pas du tout le choix car j’étais convaincue que mes objectifs lui permettraient d’avoir une meilleure qualité de vie. Je peux voir maintenant que cette croyance absolue d’avoir raison a obscurci ma compréhension du retour évident que Brenin me donnait à l’époque.
Dans la vie, nous agissons avec les connaissances que nous avons à un moment donné et à ce moment-là, j’ai été convaincue par plusieurs entraineurs locaux, des livres de grand succès, des Youtubeurs et des célèbres comportementalistes, que la bonne façon de former un chien était de récompenser les comportements souhaités et de punir fermement les comportements indésirables. Les bons propriétaires de chiens agissent en tant que juges suprêmes du comportement tout en étant toujours des chefs de meute, et doivent systématiquement repousser toute tentative du chien de remonter sa position dans l’échelle hiérarchique. Si un entraîneur, présentant ses chiens parfaitement entrainés, me disait que je devais corriger mon chien, je le faisais. Après tout, la punition est quelque chose que nous connaissons tous : la société humaine en dépend largement et nous avons tous grandi en en faisant l’expérience.
Malheureusement, Brenin a connu une assez grande variété de corrections: l’équipement que j’ai utilisé comprenait des sprays à l’air comprimé, des pulvérisateurs d’eau, des colliers étrangleurs et des colliers à piques et j’ai également ajouté des alpha rolls, des secousses latérales du cou et des coups aux flancs, tous moyens ouvertement affichés dans les animaleries et / ou utilisés dans des émissions assez populaires. Alors combien pourraient-ils blesser? J’étais sur le point de découvrir…
Cela a vraiment semblé bien fonctionner pendant un certain temps. Nous étions presque toujours les meilleurs élèves dans chaque classe à laquelle nous participions.
Plusieurs fois, j’ai entendu des gens dans la rue ou lors de nos randonnées dire : « Regarde comme ce chien se comporte bien !» J’étais très fière de mon « petit soldat » et donc, en nom de l’obéissance, j’ai continué à faire grande usage d’un tel entraînement et d’exposition, ne réalisant pas qu’un entraînement basé sur la dominance / correction, associé à des environnements écrasants m’auraient conduit dans un tas de problèmes.
Le fait est qu’à un moment donné, tout est allé de travers. Brenin a d’abord montré des signes de réactivité humaine à l’âge de 13 mois et, au fil du temps, l’intensité de ses manifestations agressives a commencé à augmenter. Il se précipitait, aboyait et grognait sans raison apparente à des gens qui approchaient. En même temps, il ne mangeait parfois pas pendant six jours de suite et avait des problèmes d’estomac persistants mais inexplicables, ce qui dérangeait moi et le vétérinaire mais, avec le recul, je ne peux pas croire de n’avoir pas réalisé que les problèmes physiques qu’il avait étaient la manifestation de son état mental. Si un ami ne mangeait manifestement pas et présentait des symptômes de colite inflammatoire, je soupçonnerais immédiatement qu’il souffrait d’un stress sévère et je souhaiterais le soutenir. Au lieu de cela, je mettais systématiquement mon Brenin, doux, sensible, non conflictuel et fragile, un chien d’une race bien connue pour être, au mieux, méfiant envers les humains, sinon carrément effrayé par eux, dans des environnements effrayants dans lesquels des gens effrayants étaient méchants avec lui. Sans compter que, comme il le voyait sans aucun doute, son propre propriétaire n’était pas fiable du tout et se comportait comme un psychopathe : caresser d’une main et punir de l’autre. C’était comme si je poussais une personne avec une phobie des serpents dans une fosse aux serpents afin de les « guérir », puis je la réprimandais durement pour avoir paniqué et je la repousserais à nouveau. Et encore.
Au fil du temps, la peur généralisée de Brenin envers les gens et le manque d’une relation de confiance entre lui et moi ont conduit à une variété d’autres comportements indésirables. Dès qu’il semblait que je résolvais un problème, un nouveau apparaissait. C’était comme si nous passions constamment à un problème de niveau supérieur, avec les anciens qui revenaient en surface après quelque temps. Je sautais d’un problème à l’autre et d’un entraîneur à l’autre, mais tous mes problèmes restaient non résolus, avec en plus l’accusation constante de ne pas être un propriétaire assez ferme, d’être une propriétaire anxieuse, une propriétaire dont l’attitude avait un impact négatif sur son propre chien. Le seul antidote à mon insuffisance semblait se trouver dans plus de colliers étrangleurs et à piques, plus de saccades latérales en laisse, plus de bouteilles remplies de pièces bruyantes et plus de sprays aériens effrayants.
Dans le désespoir, j’ai fait tout cela mais au bout d’un moment, j’ai complètement perdu toute ma confiance et j’ai atteint le fond. J’étais évidemment inutile en tant que propriétaire de chien et toute activité liée aux chiens n’était plus agréable et amusante. Je me suis senti prise au piège et je ne pouvais pas voir de solution ou d’issue. Ces supposées méthodes correctives et rapides pour entraîner mon chien avaient déclenché toute une série de problèmes qui s’étaient transformés en une pléthore de comportements ingérables.
Pour la première fois de ma vie, j’étais prête à abandonner mon chien, pour de bon, et devenir quelqu’un que j’aurais méprisé pour toujours.
Heureusement, j’ai étais persuadée de ne pas le faire et, assez ironiquement, ce sentiment douloureux d’insécurité permanente, d’anxiété, de peur et de pression croissante que je ressentais était probablement très similaire à l’état d’esprit permanent dans lequel j’avais plongé Brenin pendant si longtemps. Lui et moi, nous étions au bout avec tout cela et nous avions besoin de trouver une autre voie à suivre.
Croyez-moi, il y a de la lumière au bout du tunnel, mais cela nécessite un acte de foi, un affinement de ce que vous avez probablement fait jusqu’à présent et beaucoup de temps.
Ayant besoin d’un énorme revirement, j’ai trouvé une comportementaliste qui a réussi à écraser ma programmation culturelle : on m’a maintenant demandé de remettre en question ma foi en certaines hypothèses culturelles de longue date et d’apprendre de l’observation scientifique et de l’analyse du comportement. J’ai été amenée à abandonner les rangs du training traditionnel pour rejoindre l’armée de renforcement positif. J’ai été initiée à la science de la modification du comportement et au travail inspirant de Susan Friedman et de grands entraineurs d’animaux du monde entier, tels que Karen Pryor et Ken Ramirez.
Je dois avouer que le plan de modification du comportement de Brenin n’a pas toujours été clair pour moi. Souvent, je devais simplement me forcer à avoir la foi et à continuer une étape à la fois. Ce voyage a été comme travailler sur un puzzle : vous partez par les coins car ces 4 pièces sont les seules qui ont du sens et à partir de là, vous assemblez lentement les côtés. Ensuite, vous vous concentrez sur de plus petites parties de l’intérieur, jusqu’à ce que tout se connecte et que vous compreniez la situation dans son ensemble.
Je me souviens que mon premier rendez-vous s’est solennellement terminé par une question : « Est-ce (modifier le comportement indésirable) votre priorité ?». J’ai évidemment répondu “bien sûr !” principalement parce qu’il aurait été impoli de répondre différemment… La vérité est que ce n’est que plus tard que j’ai pleinement compris à quel point cette question était significative et à quel point mon propre comportement aurait eu besoin de changer. En d’autres termes : “Jusqu’où iriez-vous pour atteindre votre objectif ?” Ceci est crucial car il y a souvent un grand écart entre ce que nous disons être prêts à faire, et ce que nous faisons réellement !
En fait, ma première mission a été de ne pas exposer le chien à aucune rencontre humaine pendant un mois complet. Aucune. Pas même de loin ! À l’époque, cela n’avait aucun sens car c’était le contraire de ce que j’avais appris sur la socialisation. Comment étais-je censé habituer mon chien aux humains s’il n’en voyait aucun pendant si longtemps ? Ne perdons-nous pas plus de temps en aggravant le problème ? Mais j’ai obéi, en partie par détermination à prouver à ce nouvel entraîneur que Brenin était ma priorité mais aussi, je l’avoue, il y avait également un élément de soulagement qui, bien que je devais maintenant promener mon chien pendant des heures très inconfortables et en voyageant en voiture dans des endroits isolés, en faisant cela et en n’ayant personne pour le faire réagir, lui et moi pourrions simplement profiter de nos promenades. Pas de colliers à piques, pas de sprays correcteurs, juste lui et moi. J’ai annulé mes vacances de septembre pour éviter qu’il aille en pension canine.
Leçon 1 : Priorisez les besoins de votre animal
Il ne s’agit plus de vous : votre vie, votre emploi du temps, votre routine, vos attentes. Tout est en fonction de lui et de votre plan d’action.
Leçon 2 : Arrêtez de répéter le comportement indésirable !
Si je continuais à exposer Brenin à ses déclencheurs, il allait pratiquer encore et encore ses stratégies agressives et j’allais répéter encore et encore mes techniques de correction ! Cette chaîne de misère doit être interrompue le plus tôt possible, car zéro entrainement est bien mieux d’un entrainement inapproprié.
Leçon 3 : Les hormones comptent !
La réduction du stress est l’une des étapes les plus essentielles pour aider votre chien craintif. Lorsque notre animal est exposé à un événement stressant, le système nerveux sympathique est activé et des hormones de stress, telles que l’adrénaline et le cortisol, sont libérées. Cela peut prendre jusqu’à 72 heures pour que les hormones du stress quittent le corps après un événement stressant. Si l’exposition à de tels événements se répète, la réponse au stress est fréquemment activée, ce qui entraîne un empilement de celui-ci ainsi qu’un stress chronique. Le stress chronique supprime le système immunitaire, affecte le métabolisme et la digestion (donc voilà, sa maladie inexplicable expliquée) et compromet l’apprentissage, en mettant en péril la réussite de votre plan d’action. Pensez-y, pensez à vos propres peurs : seriez-vous capable de faire des calculs pendant que je vous lançais des araignées ou ce dont vous avez plus peur ?
Leçon 4 : Gardez votre animal en sécurité
Peu importe que vous pensiez que votre animal est en sécurité, ce qui compte, c’est qu’il se sente en sécurité.
Pour notre première séance sur le terrain, nous nous sommes retrouvés littéralement au milieu de nulle part. Le premier humain que Brenin voyait en un mois était notre entraîneur : elle se tenait si loin de nous que nous devions communiquer via des talkies-walkies ! Encore une fois, j’étais perplexe et je me souviens clairement avoir dit à mon mari « Allez, on peut faire beaucoup mieux que ça ! Ce chien peut bien marcher dans le centre-ville avec des gens autour ! ».
Cependant, l’objectif de notre premier entraînement était d’identifier le point d’intensité le plus bas des signaux agressifs de Brenin. Je pensais que c’était 4-5 mètres, à la place nous avons découvert que c’était quelque chose comme 300 mètres !
Leçon 5 : Il y a plus qu’une queue et deux oreilles. Nous devons être capables de lire avec précision le langage corporel et de reconnaître les premiers signes de stress chez nos chiens
Notre marche en laisse parfaite dans une situation difficile ne signifiait pas que le chien allait bien. Au contraire, un animal peut être tellement submergé par l’afflux d’émotions générées dans un environnement stressant qu’il peut à peine bouger ou s’exprimer. Nos animaux communiquent par une combinaison complexe de toutes les parties de leur corps. Le fait de ne me concentrer que sur certains d’entre eux m’avait conduit à ne pas comprendre et évaluer ses réactions. Si je pouvais revenir en arrière, je remarquerais probablement maintenant un corps rigide, une respiration et une fréquence cardiaque accrues, des pupilles dilatées, une commissure des lèvres tendue.
Notre premier devoir était de trouver un langage commun avec Brenin. Cela se fait en introduisant un « bridge », un marqueur. Un marqueur est une forme d’information universelle, simple et claire entre les humains verbaux et les animaux non verbaux, qui marque le moment exact où l’animal fait quelque chose que nous aimons, quelque chose que nous voulons qu’il répète. Un marqueur peut être un mot, un geste, un son, un objet. Nous avons choisi « yes » pour identifier tout comportement souhaité qui lui permettra de gagner un renforcement.
Leçon 6 : Le comportement est soit « désirable », soit « indésirable »
Un marqueur informe l’animal qu’il vient de faire quelque chose de bien. En revanche, l’absence de marqueur informe l’animal que le comportement qu’il vient d’effectuer n’était pas correct. Il n’est pas nécessaire de recourir à la punition.
Leçon 7 : L’information donne du pouvoir à un animal
Le son d’un marqueur informe l’animal de la réussite d’un comportement souhaité et de l’obtention d’un renforcement. Au fil du temps, une fois que l’animal se rend compte qu’il est en contrôle de son propre environnement et des conséquences de ses actions, sa confiance grandit et il fera de meilleurs choix.
Nos séances d’entraînement se sont déroulées dans le milieu le plus froid et le plus venteux que le Luxembourg a à offrir. En gros, tout l’hiver et le printemps. Juste moi, le chien, l’éducatrice et un assistant représentant le déclencheur humain. Avec le moyen d’un harnais et d’une laisse de 5 mètres, l’idée était de laisser le chien choisir où renifler, où marcher, quand s’arrêter, quand regarder son déclencheur, quand interrompre l’entraînement et se retirer de la situation.
Au départ, mon travail consistait à marquer et à récompenser le comportement du chien de regarder son déclencheur (qui marchait aléatoirement, en agitant les mains, en portant des objets, en portant des tenues différentes, …).
Après un bon moment, les réactions de Brenin ont changé : il regardait maintenant son déclencheur et, en prévision d’une friandise, il me regardait immédiatement. À présent, je retenais mon marqueur et je l’utilisais pour identifier et récompenser le comportement de me regarder. En d’autres termes, nous enseignions maintenant à Brenin que, chaque fois qu’il était confronté à un stimulus effrayant, il pouvait choisir de prêter attention à moi et, parce que c’est un comportement souhaité, cela lui rapporterait une récompense.
Une fois que la vue d’un déclencheur devient le signal du contact visuel, vous pouvez alors trouver de nombreuses façons d’éviter l’agression.
Leçon 8 : Traiter l’agressivité intègre à la fois les principes de conditionnement classique et opérant
En marquant et renforçant le chien en présence d’un déclencheur aversif, on change son association émotionnelle vers l’environnement aversif (conditionnement classique). En marquant chaque décision correcte, nous lui apprenons à « opérer » dans son environnement (conditionnement opérant). Nous lui apprenons à choisir correctement comment se comporter.
Leçon 9 : Le choix est un facteur de renforcement primaire.
Il est essentiel à la survie comme la nourriture, un abri et l’eau. Plus l’animal se sent en contrôle de l’environnement, plus il se sent en sécurité et en confiance, plus il réagira correctement à des situations autrefois stressantes.
De nombreux mois passèrent. Un automne, un hiver, un printemps, un été, un nouvel automne et un nouvel hiver… La capacité de Brenin à opérer dans son environnement s’est considérablement améliorée. Nous avons pu réduire progressivement la distance par rapport aux déclencheurs humains et nous avons pu passer à des environnements réels.
Tout en faisant tout cela, nous travaillions massivement sur mon propre comportement et mes compétences de gestion. J’ai été formée à ne jamais mettre de pression sur la laisse en anticipant et gérant constamment chaque situation, j’ai été formée à refuser les demandes de caresser mon chien (poliment et moins poliment), j’ai été formée à revoir mes attentes en fonction des retours de mon chien.
Leçon 10 : Le changement de comportement ne se fait pas du jour au lendemain
Avez-vous déjà remarqué cette tendance que nous avons de nous attendre à ce que nos animaux changent de comportement en un clin d’œil, mais nous ne pouvons souvent pas changer notre propre comportement ? Je n’ai pas réussi à quitter mon habitude de me ronger les ongles en 35 ans, mais je m’attendais à ce que Brenin surmonte sa peur des humains en quelques séances seulement ! Que je suis bête !
Leçon 11 : Pas seulement le chien. La formation de notre propre comportement est également importante
Nous devons apprendre à contrôler nos réponses autant que possible, car notre peur et notre anxiété sont souvent le premier signal à notre chien que quelque chose ne va pas dans l’environnement. Alors que dans le passé je n’étais que blâmée pour mon anxiété, on m’a maintenant montré comment contrôler mes réactions et j’ai été aidée à pratiquer encore et encore mes compétences de gestion. Car encore une fois, le contrôle est le principal renforçateur de tous les animaux, humains compris. Plus nous nous sentons en contrôle, plus nous sommes confiants, plus nous aurons de chances de faire face à des situations stressantes qui nous battaient dans le passé.
Leçon 12 : Les comportements fondamentaux peuvent vous sauver la vie
Vous regardez dans les yeux, s’assoir, se coucher, sauter, cibler, tourner, jouer, … tout comportement du répertoire de votre chien peut servir de comportement incompatible que vous pouvez demander pour éviter toute situation dans laquelle il pourrait devenir agressif.
Leçon 13 : Respectez votre animal
Travailler sur le plan d’action nous permet de mieux connaître nos animaux : nous reconnaissons désormais leurs limites et nous savons ce qui les rend heureux. Il n’est pas nécessaire de les mettre dans des situations qu’ils peinent à gérer. Nous ne faisons pas cela à nous-mêmes ni à nos enfants. Pourquoi devrait-il en être autrement avec nos animaux de compagnie ? Nous devons nous abstenir de penser que tout leur est plus facile. Nous devons respecter notre animal de compagnie, où le respect signifie l’aider à faire face à des situations difficiles grâce à une formation appropriée, sans le forcer dedans sans préparation.
Leçon 14 : Défendez votre chien
La pression sociale pour avoir un chien « gentil » est réelle. Vous recevrez des conseils non sollicités, l’espace personnel de votre chien sera envahi et vous ferez face à la honte qui accompagne l’opinion des gens. N’ayez pas peur de défendre votre chien et de faire ce qui va pour qu’il se sente en sécurité, même si cela met quelqu’un d’autre mal à l’aise. Ayez confiance que vous savez ce qui est le mieux pour votre chien mieux que quiconque.
Leçon 15 : Faites-vous suivre par un entraineur certifié !
Le secteur canin est hautement non réglementé, alors assurez-vous de rechercher un professionnel certifié qui pratique des méthodes modernes basées sur le renforcement positif sans utiliser de corrections et d’outils aversifs.
Leçon 16 : Rencontrez votre animal là où il en est
Vous pourriez être déçus parce que vous aviez des attentes. C’est comme ça. Acceptez l’animal qui se tient devant vous, tel qu’il est. Il pourrait vous conduire dans des endroits inattendus, des endroits dont vous ne rêviez même pas.
Ce n’est pas facile d’être un chien craintif et ce n’est pas facile de s’en occuper.
Le progrès est faisable, mais il sera différent pour chaque chien et vous ne pouvez pas dicter son rythme. Certains jours seront bons, certains jours seront mauvais. Travaillez dur et ayez foi parce qu’à un moment donné, les bons jours seront plus nombreux que les mauvais.
Brenin et moi, nous célébrons 2 années complètes de « sobriété » : pas de secousses du cou, pas de rôle de l’alpha, pas de colliers méchants, pas d’outils aversifs, pas de drames. Uniquement du renforcement positif. Un grand travail pour remplir ce compte de confiance que j’avais presque séché.
Brenin ne sera jamais un chien complètement en sécurité, mais ça m’a vraiment étonné de voir jusqu’où il a pu progresser et comment il a prospéré tout au long du processus. Il est plus résilient, confiant, heureux, détendu, enthousiaste, câlin, doux. Nos activités ensemble sont à nouveau amusantes et notre lien est plus fort que jamais car il peut être rassuré, je ne dispenserai que des expériences positives.
Il semble maintenant sourire tout le temps, faisant exploser mon cœur de joie.
Chaque jour je le regarde et j’espère qu’il ait oublié la personne que j’étais et je le remercie de m’avoir transformé en la personne que je suis devenue.
Brenin est mon plus beau cadeau.
Un merci spécial à Lisa Longo, Sharline et Vincenzo. Vous m’avez encouragé à ne pas jeter l’éponge, à enrichir mes connaissances et à ne jamais perdre espoir.
Cristina Goi
www.maisondog.lu
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