L’impact physique des jouets sur les chiens : conseils pour un jeu sans risque

Dans cet article, nous nous limiterons à discuter de l’impact de l’utilisation de certains jouets populaires sur le corps des chiens et surtout des précautions à prendre pour éviter qu’un chien ne se blesse en jouant. Nous ne parlerons volontairement pas des potentiels bienfaits et préjudices liés à la façon de jouer sur le mental du chien.

Généralités sur l’utilisation de jouets

D’une manière générale, il y a deux règles à respecter en permanence pour tous : toujours jouer sur un sol antidérapant et avec un chien échauffé.

Par ailleurs, tous les types de jeux ne sont pas adaptés pour tous les chiens. En effet, en fonction de leur morphologie, de leur âge et de leur historique médical, certains jeux peuvent être déconseillés. Les informations qui suivent valent donc pour des chiens adultes, dont la croissance des os longs est terminée et ne présentant aucune pathologie musculo-squelettique.

Le tug

« Tug » vient du verbe anglais « to tug » qui signifie « tirer ». Dans ce jeu, le chien prend donc un jouet dans sa mâchoire et tire dessus. On appelle alors le jouet en lui-même un « tug » et l’action de tirer dessus « tugguer », bien que ce ne soit pas très français ni officiel. Selon le type de jouet et la façon dont vous le tenez, les impacts sur le corps du chien ne seront pas les mêmes.

Ainsi, si vous tenez une corde par une de ses extrémités ou un tug n’ayant qu’une seule poignée, le chien va devoir tourner la tête pour l’attraper. Si cette action est répétée et rapide, les cervicales peuvent être impactées de manière importante.

Préférez dans ce cas les tugs que vous pouvez tenir à deux mains ou qui peuvent être facilement présentés horizontalement au chien comme un frisbee ou un puller.

Une fois le tug idéal choisi, la manière de le manier compte également beaucoup. En effet, il est essentiel que ce soit le chien qui tire, et non vous ! Ainsi la force de traction appliquée sera cohérente avec la force et donc la capacité musculaire du chien à supporter cette traction. Il est donc déconseillé de traîner le chien, de le soulever ou de secouer le jouet. Ce sont les muscles des épaules, du dos et des cuisses du chien qui doivent faire tout le travail, pas vos biceps !

Tenez le tug à hauteur de garrot au maximum et si vous bougez, privilégiez des mouvements lents sur les côtés et non pas de haut en bas. Enfin, ne lâchez pas le jouet d’un coup pendant que le chien tire fort dessus car cela pourrait le faire tomber.

Sur les deux images ci-dessus, le tug est tenu à des hauteurs adéquates qui permettent en plus à Miette de se renforcer les épaules et les cuisses. Cet effort musculaire peut alors être bénéfique pour un chien en bonne santé mais sera fortement déconseillé pour un chien présentant des problèmes aux cervicales, épaules et genoux !

La balle

L’un des jouets les plus populaires est bien entendu la balle ! Selon qu’elle soit lancée, posée, petite, grande, ronde, etc. les impacts sur le corps du chien ne seront pas les mêmes.

Le premier point à regarder est de choisir une balle adaptée à la taille du chien. Ainsi, une balle trop petite risque non seulement de se coincer dans la mâchoire du chien mais va également lui demander de beaucoup plus fléchir les épaules pour pouvoir la prendre au sol.

Le fait que la balle soit immobile ou en mouvement va également considérablement changer les contraintes musculaires. Ainsi, une balle qui roule en ligne droite va permettre au chien de la rattraper sans avoir à trop freiner, donc aura moins d’impact sur les épaules.

Sur un terrain un peu accidenté, ou avec une balle trop petite ou non ronde, vous pouvez limiter les impacts violents sur le chien en transformant le jeu de poursuite en un jeu de recherche en dissimulant par exemple la balle parmi des objets, herbes hautes (hors saison des tiques et zones à serpents !), arbres, etc. Veillez d’abord à tester si le chien ne va pas chercher à sauter ou tout faire tomber ce qui pourrait le mettre en danger ! Adaptez l’environnement au chien.

Le frisbee

Frisbee en vol

Le danger peut venir de la hauteur du saut mais aussi la forme. Attraper correctement un frisbee en vol peut être naturel pour certains chiens et au contraire doit faire l’objet d’un apprentissage spécifique pour d’autres.

Ma chienne Miette par exemple saute naturellement extrêmement mal, à mon grand désarroi !

Dans ce cas-là, il faudra :

• Adapter le type de lancer : exige un gros travail de l’humain qui doit donc s’entraîner à contrôler ses disques ;
• Et/ou enseigner au chien à sauter différemment : exige un gros travail de formatage de saut du chien ce qui prend du temps et nécessite un minimum de connaissances techniques.

La succession rapide de la pose de l’arrière et l’avant main permet de diffuser le choc de la réception sur tout le corps au lieu que tout l’impact soit répercuté sur les postérieurs et l’axe de la colonne dans un atterrissage à la verticale.

Le choix de la taille du frisbee a également son importance : si le frisbee est trop grand, le chien devra lever la tête exagérément pour éviter que le disque ne cogne au sol ce qui peut créer des blocages au niveau des cervicales et se répercuter sur le dos.

Vous l’aurez compris, jouer au frisbee en sécurité nécessite un minimum de compétence de notre part. Je vous recommande donc de suivre des cours ou un stage d’initiation au frisbee avec un professionnel formé qui vous aidera à apprendre à lancer, choisir le frisbee adéquat et enseigner à votre chien à attraper un frisbee en vol dans les meilleures conditions possibles.

Frisbee roller

Un roller est le fait de faire rouler le frisbee sur la tranche. L’avantage de ce lancer de frisbee est que le disque ne vole pas et le chien n’aura donc pas à sauter pour l’attraper. Le disque étant en mouvement, il permet au chien de peu freiner sa course pour l’attraper, au même titre qu’une balle lancée correctement.

En revanche, contrairement à la balle, le disque va rouler à la verticale et donc inciter le chien à tourner la tête pour l’attraper, ce qui peut être déconseillé aux chiens présentant des soucis au niveau des cervicales.

Et pour un chien ne sachant pas attraper le frisbee pendant qu’il roule encore en ligne droite, l’impact sur les épaules, cervicales et dos sera aussi voire plus important que sur une balle arrêtée car un disque posé à plat est beaucoup plus difficile à saisir en gueule.

Le tug long

Utiliser un tug long peut être un jeu très amusant pour le chien qui peut poursuivre quelque chose qui traîne au sol. C’est un jeu très utile pour enseigner le rappel ou en renforçateur dans la pratique de sports canins tels que l’agility ou le flyball.

Les précautions à prendre avec ce jeu vont surtout venir de quand et comment lâcher le tug après que le chien l’ait rattrapé. En effet, au moment où le chien attrape le jouet, il court encore à pleine vitesse : garder le jouet en main alors que le chien nous dépasse avec le tug en gueule peut créer un choc brutal sur les cervicales qui se retrouvent en extension et ou flexion latérale extrême.

Avant de lancer

Ce qui se passe en amont des lancers de jouet impactera également le corps du chien. Ainsi, si le chien nous fait face au moment du lancer, il devra se retourner brutalement pour engager la poursuite. Cela peut créer une torsion au niveau des postérieurs et donc un effort important au niveau des genoux et des hanches.

Une alternative consiste à enseigner au chien à tourner autour des jambes pour être déjà dans la bonne direction au moment où il commence à courir après le jouet. Pour équilibrer l’effort musculaire fourni, pensez à travailler dans les deux sens de rotation.

PENSEZ MOINS DE RÉPÉTITIONS PLUS DE VARIÉTÉ

Tableau récapitulatif

Conclusion

Quand je parle de l’impact physique de l’utilisation des jouets sur le corps du chien et des précautions à prendre en conséquence, on me répond souvent « on joue juste comme ça », « c’est juste pour le défouler, on lance quelques balles dans le jardin c’est tout », « on lui lance le frisbee juste pour le loisir, on ne veut pas faire de compétition ».

Mais votre chien lui, ne voit pas nécessairement les choses sous cet angle ! Un chien peut jouer à courir après une balle aussi intensément qu’il le ferait après une proie pour se nourrir ou dans une compétition internationale d’agility. L’impact physique est le même, que vous jouiez « sérieusement » ou juste pour occuper votre chien.

Que vous soyez conducteur confirmé en agility ou simple propriétaire de chien, il est donc essentiel de connaître la particularité et les précautions à prendre pour chaque type de jouet.

Au-delà de la technique d’utilisation de chaque jouet, les dangers principaux d’une mauvaise utilisation de jouet sont :

• les répétitions excessives (risque de blessure d’usure)
• les changements de direction brusques (risque de claquage, rupture ligamentaire, etc.)
• le manque de préparation physique (échauffement, mise en condition du chien)
• le non-respect des temps de récupération (éviter de lancer des jouets tous les jours, prévoir des jours de repos)