Le mot bêtise est fréquemment utilisé quand notre chien ne se comporte pas comme nous l’attendons. Mais, que se cache-t-il derrière ce mot, le chien en a-t-il la même conception que nous ?
Faire une bêtise, c’est enfreindre des règles. Cependant, le chien n’a pas connaissance de nos règles culturelles humaines, il vit dans son mode de chien. Pour une meilleure intégration du chien dans notre milieu de vie humain, nous devons interpréter ses comportements de son point de vue de chien. Cela évite les erreurs de communication, sources de situations désagréables, voire stressantes, pour lui. Le comprendre, c’est l’aider à s’intégrer, à nous faire confiance, et ainsi à coopérer et à répondre à nos attentes.
Définir la notion de bêtise
D’après le dictionnaire de l’Académie française, le mot bêtise se réfère initialement à un “manque d’intelligence ou de jugement”, qui amène généralement à des conduites inadaptées. Par extension, une bêtise est devenue cet acte inadapté, voire répréhensible. C’est le deuxième sens du mot bêtise : “Action ou propos déraisonnable”. Une bêtise est alors une maladresse, une erreur, une faute. Le troisième sens du mot bêtise est en lien avec… une confiserie ! Les bêtises de Cambrai sont des bonbons initialement à la menthe, et que l’on trouve maintenant avec divers parfums. Évidemment, ce troisième sens nous importe peu ici.
Quels sont les éléments qui nous incitent à qualifier une action de “bêtise” ?
- En lien avec la définition première, nous faisons une bêtise quand nous n’avons pas réfléchi aux conséquences. C’est alors une action irréfléchie, comme laisser la fenêtre ouverte alors qu’il pleut où regarder son téléphone en conduisant. C’est une action faite sans réflexion, ou avec une mauvaise évaluation des conséquences.
- Une action est aussi qualifiée de bêtise quand elle enfreint une règle. Comme tricher à un examen ou griller un feu rouge. Dans ce cas, la personne a choisi de ne pas suivre cette règle.
En fin de compte, faire une bêtise repose sur un jugement moral ou social. Dans notre culture, le fait qu’un enfant dessine sur le mur est généralement qualifié de bêtise. Alors que dans d’autres cultures, cela fait partie du développement de la créativité chez l’enfant.
Le concept de bêtise chez les animaux non-humains
Comme nous venons de le voir, une bêtise repose sur un jugement moral ou social. Elle est inhérente à notre culture qui a souvent une vision binaire des choses, comme ici le bien versus le mal.
Chez l’humain, ce jugement varie d’une culture à l’autre. D’ailleurs, il est recommandé de connaitre la culture et les règles de savoir-vivre d’un autre pays avant de s’y rendre. Et, il est parfois bien difficile pour un humain de s’adapter à une autre culture, car notre morale est façonnée dès notre plus tendre enfance.
Les animaux non-humains ont des concepts de vie bien différents des nôtres. Leur principal objectif de vie est de survivre dans des environnements changeants. Ils n’ont pas la notion de bien ou de mal, la notion d’obéissance ou de désobéissance. Ils agissent pour être bien dans leur environnement, pour obtenir ce qu’ils veulent et éviter ce qu’ils ne veulent pas. Au sein des groupes sociaux, les animaux vont éviter de produire certains comportements, par exemple, en présence de certains congénères. Mais, il est difficile à l’heure actuelle de déterminer la représentation qu’ils se font de la situation, car plusieurs explications sont envisageables (connaissance de règles sociale, apprentissages associatifs, …). Ils ont peut-être un sens moral bien à eux, mais dans tous les cas, ils n’ont pas accès à nos règles humaines, à notre structure morale. Comme d’ailleurs, nous n’avons pas accès à tout ce qu’ils vivent mentalement.
Nous vivons en étroite relation avec nos animaux compagnon, et nous avons une tendance à projeter ce que nous ressentons sur eux, car c’est ce que nous connaissons. C’est tout naturel, il faut juste bien en avoir conscience pour éviter les erreurs d’interprétation parfois lourdes de conséquences.
Par exemple, de nombreux propriétaires pensent que leur chien “sait qu’il a mal fait”, c’est-à-dire en d’autres termes qu’il ressent de la culpabilité. Cela inclut cette dichotomie de bien et de mal, et nécessite la compréhension d’une action qui a enfreint une règle établie. Cette action est d’ailleurs souvent qualifiée de désobéissance. Dans ces situations, la description des comportements inclus le plus souvent une posture basse, le regard fuyant, une queue sous le ventre ou encore les oreilles en arrière.
Ces comportements du chien sont, en réalité, induits par l’attitude de l’humain. Ce que nous interprétons comme une expression de culpabilité est en réalité un ajustement par le chien à une expression de mécontentement. Cette expression est perçue par le chien comme une forme d’agression, et il tente alors de désamorcer la situation dans laquelle il se trouve mal à l’aise.
Le chien agit en fonction de son environnement dont nous faisons partie. Face à nos attitudes et nos émotions (énervement, colère…), le chien va donner des réponses pour éviter des situations désagréables, des potentiels conflits. Ce sont hélas des erreurs fréquente de compréhension qui impact la relation de confiance qui doit s’établir entre un humain et son chien.
Empêcher mon chien de faire des bêtises
Nous utilisons le mot bêtise pour faire référence à des comportements qui nous dérangent, qui sont inappropriés par rapport à nos attentes. Ce sont le plus souvent des comportements spontanés et naturels. Un chien n’a pas les mêmes centres d’intérêts que nous ! Il creuse, mâchouille, mange ce qu’il trouve… c’est normal, c’est un chien !
L’idéal va être d’agir en amont. En fin de compte, les chiens sont prévisibles ! Il y a un tas de comportements spontanés inhérents à son espèce qui vont potentiellement apparaitre : sauter, creuser, mordiller, mâchouiller, poursuivre, défendre une ressource… alors soyons prêts ! La gestion de l’environnement est un point incontournable, ranger et organiser l’espace est une aide précieuse et cela va dans un premier temps éviter que notre chien prenne de mauvaises habitudes. Cela ne nous vient pas à l’idée de laisser trainer la bouteille d’eau de javel avec un enfant qui commence à marcher et découvrir son environnement, alors pourquoi tout laisser à la disposition d’un chiot !
Si votre chien fait une bêtise de votre point de vue, prenez du recul et demandez-vous quel est sa vision de chien. En d’autres termes, analysez la situation pour déterminer ce qui conduit votre chien à produire ce comportement. C’est à partir de là que vous allez pouvoir agir de façon efficace. Vous pourrez alors en fonction de la situation :
- Satisfaire un besoin ou des besoins non comblés
- Proposer des alternatives intéressantes pour lui en accord avec nos attentes
- Lui apprendre à produire un autre comportement pour obtenir la même chose
- Mettre en place un programme pour l’aider à surmonter une émotion particulière
- …
Conclusion
La vie avec un chien devrait toujours impliquer une prise de recul dans l’interprétation de ses comportements afin de mieux le comprendre et de l’aider à s’intégrer dans notre monde humain. Les chiens n’ont pas la même vision de la vie que nous, ils ne cherchent pas à nous embêter ou se venger. Ils cherchent juste à être bien dans leur environnement. La notion de bêtise fait partie des erreurs courantes d’interprétation, et génère des tensions dans la relation de confiance qui doit s’établir avec notre compagnon à quatre pattes.
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