Mon chiot est un démon !

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Fin décembre, j’ai accueilli un nouveau chien dans ma troupe, une petite labrador de travail de 2 mois et des plumes. Et bien croyez-moi, ça déménage, et pas qu’un peu ! Un témoignage de Marjorie Miltenberger.

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Tous mes chiens ont eu, chiots, des surnoms à la hauteur de leurs exploits de jeunes chiens. Par exemple, et pour ne citer qu’eux :

  • Cooper alias « le Crocodile », était capable de mettre n’importe quoi en pièce (kong noir inclus).
  • Smoke, dite « fumette l’enfumeuse », finalement baptisée « le Génie du Mal » tellement sa créativité confinait au machiavélique.
  • Birdie, avec son petit côté pestouille, et sa conviction que tout dans l’univers lui appartenait, est tout simplement « Bibi-Saloperie » (surnom simple, mais efficace. On voit tout de suite l’idée…).

Mais là, pour la petite dernière, j’ai carrément accueilli le « Petit-Chien-du-Démon ». Et je n’exagère pas… et pourtant je suis habituée à des chiens « qui bougent », ayant à la maison un border et des australiens de travail, et c’est loin d’être mon premier chiot.
Vous voulez que je vous raconte ?

Quel est le comportement habituel d’un « chien du démon » ?

Et bien, c’est assez surprenant. Pourtant, je suis habituée aux chiens dynamiques… et un chiot, c’est de toute façon une usine à bêtises (il faut bien que jeunesse se passe). Mais un « chien du démon », se caractérise par un très haut niveau d’énergie, mais aussi d’optimisme, qui confine à l’absence totale d’instinct de survie. Cela n’a aucune limite (ou presque), et cela crée des situations que je n’avais encore pas rencontrées avec ma troupe.

Vous voulez des exemples ?

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Se jeter dans les buissons.

Oui, je dis bien se jeter, et non pas aller fureter. Mes massifs de lavande en ont pris un coup. Il semble que cela représente, pour un «chien du démon », ce que nous appelons « trampoline ». Cela doit être culturel… Et bien sûr, mes rosiers anglais ont vite été aussi intéressants que les boules de lavande. Si ça pique, c’est encore plus drôle !

Aller tout droit. Quoiqu’il arrive.

Le chemin le plus rapide, c’est la ligne droite, c’est bien connu. Mais contourner n’a jamais fait de mal à personne, surtout quand il y a largement la place de part et d’autre d’un obstacle étroit. Et bien non. Un buisson (encore eux) au milieu d’une trajectoire sur une grande étendue d’herbe, n’est visiblement pas considéré comme un obstacle. Une chaise non plus (visiblement c’est beaucoup plus drôle de passer sous un montant et par-dessus un autre). Une voiture garée non plus (bah oui, on peut passer dessous…). Vous allez me dire « ah mais c’est mignon ça ! ». Oui, enfin tant que le démon ne décide pas de traverser la piscine en passant tout droit sur le volet roulant, avec un plaisir non feint…

Mettre en gueule tout et n’importe quoi.

Ok, ça c’est un classique du chiot. Maintenant je n’avais pas eu de chiot qui décide de prendre en gueule absolument TOUT ce qui croise son chemin. Au sens propre du terme. En 3 mètres en extérieur, il faut lui faire lâcher les cailloux, les branches du buisson (décidemment, une obsession !!), les orties, la roue de la brouette, la poubelle (oui, les grosses poubelles de ville. Sait-on jamais, on peut peut-être réussir à l’emmener !).

En intérieur, tout textile est très attirant… ok, on a tous vu un chien trimbaler une chaussette. C’est même très mignon. Mais là on est dans la catégorie « et si j’emmenais la couette 2 personnes, qui pèse un âne mort » ? Oui, la couette a quitté la chambre et elle est allée faire un tour dans la cuisine. On a rattrapé les rideaux de justesse.

Un tabouret, une chaise, une table basse, peut aussi peut être déménagé facilement. Le « chien du démon » a visiblement un goût certain pour le réaménagement des pièces.

Mais le plus chouette c’est quand même les bouteilles en verre… Vides ou pleines, c’est apparemment irrésistible. Non, jamais je n’avais dû ranger le bac-poubelle à verres, sous peine d’y voir un chiot s’y jeter comme dans une piscine à balle. Ou récupérer in extremis ma bouteille de whisky préférée, qui avait visiblement décidé de fuguer sur ses petites pattes poilues.

Mordiller.

« Ah mais mordiller, on connait ! On l’a tous eu ! ». Et bien je n’avais jamais encore eu un chiot qui mordillait en prenant en fond de gueule. Ce n’est clairement pas la même copie, ni la même douleur. D’ailleurs j’en profite pour adresser toute ma sympathie à ceux qui ont la version « malinois » du « Chien du démon ». (Je n’ose imaginer…).

Sauter sur les chiens adultes de la maison.

Même quand ils dorment. Même quand ça fait 3 fois que ledit chien adulte a prévenu plus que clairement que ce n’était plus ok du tout. Même quand le chien adulte a déjà renvoyé le petit démon dans ses buts. Peut-être que ça passera mieux en prenant plus d’élan (un couloir fait une excellente rampe de lancement…), et en arrivant en piqué, façon Kamikaze sur Pearl Harbor !

Je bénie la patience des autres chiens de la maison, et leur aide dans l’éducation de la petite terreur (même si parfois ils ont aussi tendance à « remettre des sous dans la machine » en l’appelant au jeu).

Rebondir sur un coussin de chien pour atterrir la tête la première sur le coin de la table basse.

J’avoue, ce n’est arrivé qu’une fois, ce n’est pas ce qu’on pourrait appeler « un comportement habituel ». Mais je suis devenue toute blanche et j’ai eu peur. Visiblement il y a que moi que cela a ému, le démon est reparti dans sa course comme de rien n’était. Du coup, j’ai dû modifier la place des coussins et des meubles, en prenant en compte les lois de la balistique. La décoration, l’aménagement, je n’avais jamais réalisé, mais c’est visiblement c’est un peu plus complexe que de simplement jeter un plaid sur un canapé (de toute façon, on ne peut plus laisser de plaids en liberté dans ce salon…sinon ils fuguent pour rejoindre la couette et la bouteille de whisky). Et on n’imagine pas le nombre de coins de meubles qu’il peut y avoir dans une maison… J’avoue avoir un moment pensé à entourer tout mon mobilier de papier-bulle.

Ne pas dormir, ne pas se poser.

Après tout, c’est une perte te temps. La vie appartient à ceux qui se lèvent tôt comme on dit… autant ne pas se coucher, cela ira plus vite. Nuits courtes, pauses quasi-inexistantes, sauf à laisser la bête s’épuiser d’elle-même (mais c’est quand elle est épuisée qu’elle est la pire… un peu comme les petits enfants qui ont eu une longue journée et qui tiennent sur les nerfs). Sans compter que c’est sur les temps de repos que se fait le développement. Je suis donc devenue experte pour créer des conditions de neutralisation de l’inépuisable petit démon, et lui donner des opportunités de mettre en sommeil ses petits muscles et ses neurones en folie. Les playlists de musique « spécial chiot » m’ont d’ailleurs bien aidé à créer des signaux contextuels de moments « calmes ».

Voilà. Vous avez maintenant une idée de ce qu’à été mon quotidien pendant 15 jours.

Je n’ai pas « juste » surveillé un chiot, j’ai été gardien de but, arbitre de catch, espion en hyper vigilance, re-décorateur d’intérieur, paysagiste, gardien de zoo, dresseur de tigre, reporter de guerre, psychiatre (pour moi-même), consommateur de toute substance aidante et légale (café… surtout café), organisateur d’expéditions aux toilettes (oui, on sous-estime toujours l’organisation que cela demande ! C’est fou !) et j’ai entamé, à mort corps défendant, une grève du sommeil.
Quinze jours. Quinze jours à ce rythme, à ne pas pouvoir la quitter des yeux ne serait-ce que 30 secondes, 15 jours à faire tourner ma vie (et celle du reste de la maisonnée) autour de celle du petit démon. Honnêtement, j’étais sur les genoux.

« Que s’est-il passé au bout de 15 jours ?».

Mais non, rassurez-vous, je ne l’ai pas renvoyée ! J’étais fatiguée mais pas tout à fait prise au dépourvu. J’avais quand même une petite idée de ce que j’allais accueillir à la maison !

Car derrière toutes ces anecdotes, se cachent en fait les patrons-moteurs pour lesquels un labrador est sélectionné (dans sa version travail, c’est-à-dire chasse / travail de retriever) : passer partout, y compris dans les ronciers, être capable de tenir une direction en ligne droite, porter le gibier (sans l’abimer, mais il faut le maintenir correctement, malgré le poids et la course, donc en fond de gueule…), ne pas se laisser décourager par un obstacle, insister, ne pas lâcher jusqu’à ce qu’on ait mené à bien la mission, quelque soit les circonstances, être rapide et motivé (très motivé même, pour pouvoir être très résilient).

Voilà ce que j’ai aperçu derrière les bêtises et l’énergie pure de ce « chien du démon ». Et ça, bien sûr, ce n’est pas facile à vivre quand c’est « brut de décoffrage », et encore immature. Mais quand c’est canalisé, qu’on donne un sens à tous ces patrons-moteurs, et bien on a un fabuleux partenaire canin. Et c’est ce qui donne espoir, quand on est en train d’essayer de décrocher son chiot des rideaux. Déjà, on comprend « pourquoi » certains comportements paraissent extrêmes, et surtout, on sait qu’un jour on va être heureux de les voir s’exprimer dans leur version « civilisée ».

Et donc figurez-vous que pendant ces 15 jours, j’ai fait un peu plus que de simplement faire en sorte qu’on survive à la version canine de l’Ante-Christ… on a bossé. Oui, on a commencé à intégrer des choses, aussi naturellement et discrètement possible, pour que le « petit chien du démon » arrive à apprivoiser tout ça. A donner un sens à son énergie, à lui donner une structure avec des moments de repos, et des moments pour laisser s’exprimer ce qu’elle est d’une façon qui soit à la fois appropriée pour nous, et satisfaisante pour elle. Et puis lui laisser quand même des moments de folie, car un chiot, cela reste un chiot, et l’immaturité a le droit de s’exprimer aussi.

Je ne vais pas vous expliquer dans cet article tout ce qui a été mis en place, car on pourrait en parler pendant des heures. Et puis, c’est un témoignage, pas un cours ! On en reparlera à l’occasion.
Mais en tout cas je peux vous assurer d’une chose… :

Il y a de la lumière au bout du tunnel !!

Tout arrive, et même si on est loin d’avoir encore une vie normale, l’espoir est là. Le démon commence à muter en quelque chose de tout à fait acceptable, et sera même très certainement bien agréable d’ici quelques temps. Le travail mis en place commence à porter ses fruits, et la prise de maturité (toute relative) fait le reste. Il faut dire que quand on a 10 semaines de vie, une de plus, ce n’est pas rien en termes de développement !

Mes rideaux, mes mains, mes chiens adultes et mon emploi du temps s’en portent bien mieux. Encore un peu de patience et tout cela sera derrière nous, nous aurons vite oublié ces épisodes cataclysmiques… Mais je voulais en garder une trace, pour soutenir tous ceux qui vont un jour avoir, eux aussi, un « petit chien du démon » dans leur famille (Courage !).

A l’heure où j’écris ses lignes, la terreur est en train de dormir. Et aucune bêtise à déplorer depuis son lever. Elle a 12 semaines aujourd’hui même, et elle devient plus chouette à vivre de jour en jour.

Bientôt, sans doute, son nom lui ira comme un gant.

Non, je ne parle pas de son démoniaque surnom, mais de son vrai nom de batême.

Car je ne vous l’ai pas encore précisé, mais elle s’appelle « Steady ». Cela signifie « calme, constant, immobile »… sans doute la plus belle blague de son répertoire de chiot !

Allez, promis, si vous êtes très sages, je vous dirai d’ici quelques temps si c’est ce qu’elle est devenue… ou pas ! ?

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Réponses

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  1. Merci Marjorie pour ce témoignage a la fois drôle et positif…
    Ça permet de relativiser quand on se plaint des bêtises de nos chiens ….

  2. Bonjour, Super article ! Bon courage pour l’éducation de ta petite bête à poil 😉
    PS : Quelle est la race du chien ? elle est magnifique !

  3. Coucou Marjorie, quel bien ça fait de se sentir moins seul.
    Moi c’est ” Le Monster”?
    À son arrivée il a de suite annoncé la couleurs en s’attaquant à mon aloé Vera qui n’a pas survécu,du coup j’ai de suite mis mes plantes dans un parc à chiot histoire qu’elle survivent ?
    Sauter du canapé pour atterrir sur Shaunak qui dort ça c’est fait
    Démonté tout les plants de fraises c’est fait aussi
    Déchiré les habits qu’on laisse trainer fait aussi
    Scarifier notre beau gazon fait aussi
    Démonté télécommande, briquets et boîte à tabac fait aussi
    Manger tout ce qu’il trouve fait aussi, au stade que je ne prête plus attention sinon je passe mes journées à le fliquer
    Pareil que toi j’ai toujours eu des chiens très énergique mais là il les dépassent de loin en connerie ??
    Mais je l’aime tellement ??