Éducation positive : comment reconnaître si un éducateur est en positif ?

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L’éducateur canin en positif est-il facilement reconnaissable ?

L’éducation « en positif » ne tolère-t-elle qu’une seule définition ?

En conversant avec tout un chacun, on se rend compte que la définition donnée est subjective. Elle dépend de la perception de chacun, de son histoire et sa culture, de ses échanges et expériences. Aucun standard ne fut breveté pour approuver ou réprouver l’utilisation du terme.

Ceci étant, si on demande à des clients ce qui les a attirés vers un éducateur canin « en positif », ne seraient-il pas à répondre : la bienveillance, l’absence de brutalité, la douceur, le travail par récompenses ?

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D’un autre côté, si vous rassemblez divers éducateurs canins qui se revendiquent « en positif », ou utilisant la méthode « positive », vous réaliserez que vous aurez autant de façons de pratiquer et de percevoir l’approche que d’individus. Certains professionnels s’offusquent d’entendre « non » dit au chien ; d’autres infligent des décharges électriques quand ils ne sont pas obéis dans la seconde. Chacun est susceptible de s’affirmer « en positif ». Chacun est libre de s’accorder cette étiquette.

Concernant ceux qui ne s’affichent pas « en positif », renient-ils pour autant la bientraitance du chien ? Ne serait-il pas alors pertinent de parler de mouvance « en positif » ?

Dans cet article, vous trouverez un cadre qui rapproche ce que les clients étiquettent « positif » et ce que la science définit comme « positif ».

L’éducation positive s’inspire du renforcement positif (+R)

La science enseigne ce qui fonctionne en éducation, ce qui amène des résultats, et quel type de résultats, que ce soit au niveau comportemental, physiologique, émotionnel, et relationnel.

Des R et des P, du positif et du négatif

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Le R représente le renforcement. Le P représente la punition.
Les signes sont mathématiques et non qualitatifs : + signifie qu’un élément est ajouter, – qu’un élément est ôté.
Un comportement est renforcé lorsque la probabilité de son apparition est augmentée.
Un comportement est puni lorsque la probabilité de son apparition est diminuée.

Ce n’est pas à confondre avec les sens commun de renforcement et punition, qui le plus souvent pour ce dernier sous-entend de la réprimande ou une répression physique.
Ce qui est renforçateur et punitif est déterminé uniquement par le chien. S’il reproduit un comportement, c’est que celui-ci a été renforcé ; s’il cesse un comportement, c’est que celui-ci a été puni.

Prenons l’exemple de la marche en laisse :
R+ = renforcer positivement : Toutou marche sereinement, il reçoit une friandise. S’il reproduit de marcher sereinement, c’est que l’ajout friandise en conséquence de son comportement l’aura motivé.
R- = renforcer négativement : Toutou tire en laisse, je m’arrête jusqu’à ce qu’il cesse de tirer.
S’il reproduit de marcher sereinement, sans tirer, c’est que le retrait de la pression sur son cou en conséquence de son comportement l’aura motivé.
P+ = punir positivement : quand Toutou saute sur les gens dans la rue pour les saluer, je tire sur la laisse d’un coup. S’il cesse de sauter sur les gens, c’est que l’ajout d’un à-coup sur son cou l’aura motivé.
P- = punir négativement : quand Toutou saute sur des amis pour les saluer, ils se reculent. S’il cesse de leur sauter dessus, c’est que le retrait de leur attention l’aura motivé.

L’éducateur canin en positif met en valeur les « bons » comportements

Lorsque le chien produit un comportement désirable, l’éducateur en positif va opter pour marquer et renforcer positivement ce comportement, ce qui signifie qu’il va émettre un signal verbal ou gestuel indiquant au chien l’exécution d’un comportement désiré, puis il ajoutera un élément en conséquence qui motive le chien à le reproduire.
Il est alors primordial de faire connaissance avec l’individu chien pour savoir à quoi il peut être positivement réceptif, ce vers quoi il tend et non évite, dans quels contextes aussi. L’objectif est d’induire une motivation vers quelque chose qui va lui inspirer l’envie de reproduire le comportement attendu.

L’éducateur canin en positif n’ignore pas les « mauvais » comportements

Lorsque le chien produit un comportement indésirable, qui n’est pas adapté dans le contexte de vie où il est, l’éducateur en positif va opter pour une analyse de la situation afin de privilégier la compréhension, la recherche des fonctions du comportement, des motivations du chien.

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Prenons l’exemple du chiot qui mordille les chaises : il s’agit d’un chien en âge d’avoir ses dents qui poussent, d’avoir un besoin de se soulager. Plutôt qu’ajouter un élément en conséquence à ce comportement pour qu’il n’apparaisse plus (donc le punir positivement = P+), l’éducateur en positif va opter pour la prise en compte du besoin du chien et lui enseigner à s’orienter vers d’autres éléments sur lesquels il peut reporter son besoin sans que cela n’engendre un désagrément pour les humains avec lesquels il vit.

L’éducateur canin en positif tend à éviter le mélange des genres

Plus un chien va produire un comportement, plus celui-ci aura la possibilité d’être mémorisé, et donc plus aisément reproduit. La répétition d’un comportement l’ancrant, l’éducateur canin en positif évite de provoquer volontairement des comportements indésirables pour les corriger ensuite. Ce serait alors autorisé ce qui est réprouvé pour le punir. Il ne serait alors plus question de mettre en valeur de bons comportements.

L’ancrage d’une habitude peut prendre du temps à contre-conditionner. C’est pour cela que l’éducateur canin en positif augmente la probabilité d’apparition de comportements désirables et s’assure autant que possible que les indésirables n’aient pas l’opportunité d’apparaître.

Le discours et les comportements que va tenir l’éducateur en positif tendent à indiquer qu’il n’y a pas lieu de faire preuve d’une autorité ferme, imposant au chien de se soumettre aux ordres émis. Il sait que le chien ne se positionne pas pour le défier et/ou le détrôner, que les conclusions à certaines observations faites sur une autre espèce canine ne correspondent pas au chien domestique.

Du positif, rien que du positif ?

Un éducateur qui utilise la punition positive (ajout d’un élément aversive pour diminuer l’apparition d’un comportement), tout en utilisant le renforcement positif (ajout d’un élément agréable pour augmenter l’apparition d’un comportement), crée de la confusion émotionnellement chez le chien. Ce dernier fluctue au niveau émotionnel et cognitif, au niveau de ses émotions et de ses capacités à acquérir des compétences. D’un côté, un stress négatif est induit, alors qu’en même temps une réponse émotionnelle positive est recherchée. Cela implique un déséquilibre dans les repères pour le chien.

Prenons l’exemple d’un chien qui tire en laisse :

  • d’un côté, nous avons un éducateur en P+/R+ : il va attendre que le chien produise le comportement de tirer puis ajouter un élément aversif pour diminuer la probabilité que le chien continue de tirer (par exemple, il va tirer fortement pour provoquer un à-coup sur le collier, créant une gêne voire une douleur dans la région du cou), puis quand le chien cesse à cause du désagrément, il marque et renforce en lui donnant une caresse ou une friandise.
  • D’un autre côté, nous avons un éducateur en R+ : il va commencer par étudier les motivations du chiens (tire-t-il de façon continue ? Pour accéder plus vite à un endroit ? Pour s’éloigner d’un autre ? Parce que ce comportement a été renforcé auparavant ?). Par la suite, il va le mettre en situation pour qu’il ne produise que le comportement désiré, c’est-à-dire marcher en laisse détendue.
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D’un côté, l’éducation qui mélange l’aversif et le plaisir occasionne d’abord une émotion négative (colère et/ou crainte), un évitement de quelque chose de désagréable voire douloureux ou effrayant, pour s’attendre ensuite à apporter un plaisir sereinement ressenti.
D’un autre côté, l’éducation positive fonde ses entraînements sur une cohérence entre ce qu’elle prône et ce qu’elle inspire émotionnellement, afin que le chien ne soit guidé que dans une continuité, visant à son homéostasie (revenir à son équilibre physiologiquement, émotionnellement et cognitivement).

L’éducateur canin en positif aspire à la coopération du chien

L’éducateur canin en positif n’ordonne pas, il enseigne, c’est-à-dire qu’il apprend comment fonctionne son élève, s’assure de transmettre son message pour que ce dernier soit en mesure de le recevoir, et surtout qu’il implique un changement dans son comportement.

Le renforcement positif, c’est scientifique

Il s’agit d’un mécanisme en conditionnement. Il associe un comportement désiré à l’ajout d’un élément stimulant sa répétition.

La reconnaissance mutuelle

Selon les problématiques qu’il traite, il guide le chien à s’adapter à sa vie parmi les humains en s’ajustant à ses capacités cognitives, à sa tolérance émotionnelle. Pour cela, il va tenir compte de son langage corporel, des émotions exprimées. Il éveille de préférence des émotions positives telle la joie.

Prenons l’exemple des soins coopératifs :

Si l’éducateur en positif ne faisait que renforcer positivement des comportements, il pourrait alors ignorer le langage corporel du chien tant que celui-ci abdique à appliquer ce qui est requis.
Or, lorsqu’un chien est entraîné en soins coopératifs, c’est-à-dire à tolérer des procédures médicales ou de soins, il lui est aussi enseigné à s’exprimer et que son message est pris en compte. Il s’établit une communication, une réciprocité.
Au-delà de valoriser les comportements désirables, l’éducateur en positif vise à échanger avec le chien, à établir une compréhension mutuelle, pour maintenir et développer une relation basée sur la confiance et le sentiment de sécurité.

L’éducateur canin en positif induit des émotions positives

Les six émotions primaires

Il est reconnu que les chiens ressentent les six émotions primaires : la peur, la colère, la surprise, la joie, la tristesse, le dégoût.
Il s’agit de réactions involontaires, physiologiques, de brève durée.
Quand leur expression s’installe dans le temps, on s’oriente alors vers les sentiments pour décrire ce qui est ressenti.

L’éducateur canin en positif insuffle du positif

Dans sa pratique, que ce soit en paroles, en gestuelles, en associations, l’éducateur canin en positif contribue à ce que ne soient suscitées qu’un ressenti neutre ou des émotions positives telle la joie par le chien.

Prenons l’exemple de la protection de ressource : le chien qui met en place ce comportement refuse de partager un élément auquel il tient. Cela peut se présenter sous la forme d’un évitement (vous passez alors votre temps à courir après lui pour récupérer l’élément) ou d’une hostilité (si vous approchez, il grogne voire mord). Pour le chien, il s’agit d’une situation qui engendre du stress négatif, il craint pour un élément. Une insécurité en découle. L’éducateur en positif cherchera à établir dans quelle zone le chien se sent assez en confort pour modifier sa perception émotionnelle de la présence et l’approche d’autres individus, et que les comportements disparaissent d’eux-mêmes, n’ayant plus de raison d’être.

L’éducateur canin en positif bannit le négatif

Que ce soit dans son langage corporel, verbal, ou le matériel qu’il utilise ou conseille, il refuse tout ce qui peut induire volontairement de la peur, de la douleur, ou l’anticipation de celles-ci.

Prenons l’exemple d’un chien qui fait preuve de comportements agonistiques – qui visent à remettre de la distance – (aboiements, babines retroussées, grognements, bonds en bout de laisse, tensions musculaires) vis-à-vis des êtres humains. En le stationnant sur un parking de supermarché, en week-end, près de la porte d’entrée, ce chien est alors immergé dans une situation qui le noie d’émotions négatives. Ses capacités cognitives sont alors amoindries. Il opte éventuellement pour la stratégie qui l’éloignera le plus rapidement possible de là. Potentiellement, ses comportements s’éteignent, mais uniquement par adaptation à un environnement qu’il considère hostile. Il a été conduit à des émotions négatives pour « résoudre » qu’il ne présente plus de comportements à tendance négative.

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Conclusion

Parce qu’il tend vers le bien-être et la bientraitance du chien, l’éducateur canin en positif conseille pour l’éducation du chien en choisissant des outils (matériels et intellectuels) pour induire du bien-être avant tout et évoluer au rythme du chien. Il est reconnaissable par la coopération et bientraitance du chien qu’il promeut dans ses mots et actions avec cohérence.

Liens :
Formation AMC Lisa Longo
Formation Soins Coopératifs Iris Castaing
Formation Marche en Laisse Wini Vershueren

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