L’agressivité chez le chien se présente par des comportements dangereux, hostiles, susceptibles de blesser. Tous les chiens sont des animaux capables de faire preuve de comportements agressifs. Les définir vous aidera à les reconnaître. Nos conseils pour les prévenir, pour apprendre à y réagir de façon adaptée vous apporteront des atouts dans maintes situations.
La fonction de l’agressivité
L’agressivité est un comportement adaptatif face à une situation. Les chiens réagissent en fonction de leurs apprentissages, de leur tempérament. Ils communiquent une motivation. L’objectif pour les chiens est alors de se protéger, d’éloigner un élément ou un être que leur esprit canin évalue comme dangereux pour eux. L’agressivité leur sert aussi à exprimer des émotions telles que la peur, la colère, la frustration. L’agressivité est un comportement normal, mais qui peut devenir un problème si le chien en vient à agresser physiquement, c’est-à-dire à mordre.
Les différents types d’agressivité
La protection de ressources

Lorsqu’un chien fait de la protection de ressources, cela signifie qu’il tend à « protéger » ce qu’il considère à lui, comme ayant une valeur. Cela peut se manifester sous la forme d’évitement (il part quand vous approchez), mais aussi sous la forme d’agression (il grogne, mord quand vous approchez). Il refuse de partager, de laisser le moindre accès. Il peut s’agir de nourriture, de jouet, d’objet divers, de lieux, de personne.
La réactivité
Lorsqu’un chien fait de la réactivité, cela signifie qu’il réagit avec excès à des stimuli. S’il est dans son jardin, il peut donner l’impression de se jeter sur le portail en aboyant après les passants. S’il est en extérieur, il peut grogner, aboyer, bondir en bout de longe à la vue de certains éléments. Ces éléments sont dépendants de la perception de votre chien ; ils peuvent être d’autres chiens, des vélos, des humains, d’autres animaux, etc. Si votre chien fait de la réactivité et qu’il est proche d’un élément, alors que son objectif est que cet élément prenne de la distance, il peut en venir à l’agresser.
L’agacement
Lorsqu’un chien est agacé, soit par frustration, soit parce qu’il avait l’habitude d’obtenir quelque chose et que soudainement on ne lui accorde plus, soit parce ses émotions sont en conflit avec sa perception de l’environnement, soit parce qu’il est caressé et émet des signes qui ne sont pas pris en compte, il est possible qu’il agresse pour faire cesser une situation qui l’insupporte.
La redirection
Lorsqu’un chien redirige son agressivité, cela signifie qu’un élément de l’environnement l’a stimulé, mais qu’il n’est pas dans l’aptitude de s’en prendre à cet élément ; par conséquent, il décharge son énergie négative, son trop-plein, son agressivité, sur le premier élément qui est le plus proche de lui. Cela peut être un bâton, un jouet, tout comme un être humain. Par exemple, votre chien est mal à l’aise en présence de motos ; comme vous le retenez pour éviter l’accident et qu’il est donc empêcher de mordre leurs pneus, il s’en prend à vos mollets ou à ceux du passant le plus proche à ce moment-là.
Les causes les plus fréquentes
La douleur
Votre chien ressent une gêne physique. Votre chien souffre de douleurs. Votre chien souffre d’une maladie chronique. Votre chien a un handicap physique qui l’empêche qui rend son quotidien désagréable. Sa tolérance à certains éléments peuvent devenir plus limitée, voire ne plus être présente. Sa tolérance à la douleur peut aussi accroître sa volonté que tout être reste à distance de lui. Sa capacité à supporter la douleur peut aussi le rendre plus hargneux.
Par exemple : votre chien souffre de reflux. Les moments des repas le rendent alors plus irritable et le risque qu’il agresse pendant sa digestion est accru.
Les émotions
Les chiens sont reconnus comme ressentant les six émotions primaires : colère, dégoût, joie, peur, surprise, tristesse. D’autres émotions peuvent leur être attribuées, bien qu’elles demeurent en débat, telle la frustration ou la jalousie.
Si la peur a pour fonction de se protéger, la colère de changer une situation, et la surprise de préparer à ce qui suit, votre chien peut opter pour l’agression comme stratégie si ces émotions se suivent ou se superposent.
L’état émotionnel de votre chien peut aussi influencer sa capacité à passer d’une émotion positive à de l’agression. Prenons l’exemple d’un chien, un peu content, mais très élevé en énergie ; il joue avec un congénère ; le jeu ne prend pas la tournure qui lui convient, il bascule en émotion négative en peu de temps et le niveau élevé de son état émotionnel fait qu’il s’exprime par l’agressivité.
La socialisation
Il est possible que vous ayez accueilli dans votre foyer un chiot (ou un chien) pour lequel la socialisation et la familiarisation à divers éléments et environnements furent bâclées. Un chiot ou un chien qui rencontre tardivement des situations est susceptible de les évaluer comme dangereuses et qu’il opte pour l’agression pour se protéger.
Les sens des chiens les amènent à percevoir physiquement le monde différemment des humains. Donc, par exemple, un homme avec une casquette, si votre chiot ou chien n’en a jamais aperçu, peut être évalué comme une menace.

La communication
Un comportement agressif est un moyen d’expression. Il a aussi une fonction et une motivation. Si un chien cherche à agresser, il vise un objectif. Un chien qui a appris à obtenir ce qu’il désire par l’agression optera pour elle dans sa communication, quelles que soient ses intentions de départ.
Plus vous saurez ce que votre chien vous « dit », plus votre relation pourra être sereine. Pour en savoir plus, retrouvez l’article de blog « Le langage canin : quand les chiens parlent » sur la plateforme !
Un environnement inadapté
Si votre chien se sent à l’aise dans votre foyer, mais que l’environnement extérieur ne correspond pas à sa personnalité, ne répond pas à ses besoins, il est plus susceptible de s’exprimer avec un comportement agressif.
Par exemple, votre chien adore explorer des jardins et parcs calmes, mais sursaute ou recule chaque fois qu’il entend une moto passée à proximité de lui. Si vous habitez dans ou près d’une rue où des motos sont susceptibles de passer régulièrement, il peut finir par les charger, par utiliser un comportement agressif.
Autre exemple, votre chien est dynamique et adore courir et jouer, or vous habitez dans une zone avec des trottoirs étroits, où vous devez vous déplacer bien plus loin pour avoir accès à des parcs ou forêts, où les croisements d’humains ou de véhicules sont courants, où il ne peut pas exprimer tout son potentiel. Votre environnement ne lui permettant pas de s’exprimer pleinement, il risque de montrer des comportements agressifs.
L’article d’Elodie Pin vous en dit plus sur les besoins et leur respect.
Des méthodes aversives pour éduquer
Une éducation qui repose avant tout sur la confrontation enseigne à votre chien à se méfier, à être sur ses gardes, à réagir soit en inhibant ce qu’il souhaite exprimer, soit en l’exprimant à l’excès, quitte à en être agressif.
Il est aussi possible qu’elles aient été ponctuées d’expériences négatives et d’immersion, que votre chiot ou chien aient vécu ses expériences comme désagréables voire traumatisantes, qu’il ait été « noyé » dans des situations qu’il ne comprenait pas.
Le reproche constant, la réprimande (qui soulage souvent plus celui qui l’émet que n’enseigne quelque chose à celui qui la reçoit), des arrêts de comportement sans apprentissage d’autres comportements (donc des comportements punis sans éducation au-delà), amènent des chiens à ne plus savoir comment naviguer dans le monde des humains. La confusion, la crainte et/ou les traumatismes qui en découlent peuvent créer un chien qui perd toute confiance en lui et en ses maîtres, empli de colère qu’il a besoin d’exulter.
Le chien est un animal doué de sensibilité. Il peut éprouver des difficultés à appréhender une éducation qui ne repose que sur l’aversion.
La dominance
Encore souvent, un chien qui fait preuve de comportements agressifs sera étiqueté de « dominant ». Or, la dominance s’inscrit dans un rapport entre deux individus : un qui domine à un instant T sur une ressource précise, et, un qui se soumet volontairement à ce même instant T sur cette ressource. Il se peut que B cède la priorité devant la prestance de A sans que A n’ait fait preuve du moindre comportement agressif.
Comment prévenir l’agressivité chez le chien
La santé de votre chien
Depuis son arrivée dans votre foyer jusqu’à son départ, la santé de votre chien dépend de vous. Des démangeaisons, des douleurs intestinales, des maladies chroniques, des objets coincés sous sa peau, des vomissements, des étourdissements, des tremblements, etc, peuvent pleinement affecter ses comportements. Il peut tout autant se replier sur lui-même, qu’il peut montrer un besoin accru de votre présence près de lui, qu’il peut démontrer une tolérance extrêmement limitée au moindre stimulus et faire preuve de comportements agressifs.
Des changements de comportement plus ou moins soudains devraient vous engager à rendre visite à votre vétérinaire et investiguer sa santé avant tout. Avec le traitement approprié, votre chien peut être susceptible de montrer plus d’apaisement. Vous pourriez alors voir des résultats sur son comportement sans avoir d’entraînements à mettre en place, parce que son humeur était affectée par sa santé.

La socialisation de votre chien
Familiariser votre chiot ou votre chien consiste à lui présenter divers éléments de son environnement pour que ceux-ci soient perçus de façon neutre ou positive. Ils peuvent être présents visuellement ; par exemple, vous laissez sa brosse en vue même si vous ne vous en servez pas. Ils peuvent être présents auditivement ; par exemple, vous laissez vos fenêtres ouvertes pour qu’il entende les sons extérieurs. Ils peuvent être olfactivement ; par exemple, vous l’emmenez promenez et lui laisser prendre toutes les odeurs, peu importe la vitesse à laquelle vous marchez alors. Ils peuvent être tactilement : par exemple, vous l’amenez à jouer sur des textures différentes, telles un parquet, un tapis, une couverture, une serviette de bain.
Socialiser votre chiot ou votre chien consiste d’abord à ce qu’il observe, prenne le temps de comprendre, et de s’ajuster. S’il est en contact direct avec beaucoup de chiens, alors que tous ne communiquent pas avec lui avec bienveillance, il risque de devenir sensible à la vue des chiens et de ne pas forcément savoir aisément communiquer avec eux. Si vous l’emmenez en plein milieu d’un marché ou à la sortie d’une école, l’excitation ou la crainte qu’il ressent alors peut rendre votre démarche contre-productive. En optant pour de la distance, que vous réduisez en fonction de la détente qu’il présente, vous optez pour un apprentissage progressif et serein. Par exemple, il peut observer une sortie d’école ou de supermarché depuis le trottoir opposé.
Vous former pour le comprendre
Accueillir un chien dans votre foyer, c’est accueillir un être parlant et comprenant une autre langue, avec des mœurs différentes. Le chien est un animal différent de l’être humain, qui a son propre fonctionnement, des sens qui perçoivent le monde autrement. En tant que maître, votre rôle est aussi de l’intégrer dans un environnement auquel il ne répond pas comme vous. En tant que maître, votre rôle est aussi de l’amener à se comporter de façon à ce que ce monde ne le considère pas dangereux. En tant que maître, votre rôle est de lui enseigner tel qu’il peut assimiler.
Or, pour l’éduquer au mieux, encore faut-il en connaître un minimum sur lui : comment il apprend, comment il ressent, comment il perçoit, à quoi il est réceptif, ce qui influence ses comportements. De nos jours, la chance pour votre chien est que vous pouvez trouver des formations sous divers formats ; vous pouvez aussi trouver la formation qui répond à une problématique particulière que vous rencontrez avec lui, ou à un besoin que vous souhaitez assouvir, ou à une curiosité que vous avez envie de développer.
Pour des résultats plus précis, vous pouvez aussi vous former directement en étant accompagné par un professionnel du comportement canin, qui vous aidera à encore mieux décrypter son langage corporel.
Suivre une formation, ou plusieurs, vous permettra de ne pas improviser, de ne pas rendre vos entraînements aléatoires au risque que votre chien comprenne l’opposé ou soit confus par rapport à vos attentes et y réagissent avec sa mâchoire.
L’éduquer dans le respect
Votre chien est un membre de votre foyer. Si vous entrez en confrontation avec lui, votre relation sera ponctuée d’échanges hostiles. Il vous percevra avant tout comme un être dont il doit se défendre. Même si parfois nos émotions ont de l’emprise sur notre humeur, l’éduquer en tenant compte de ses besoins, de ses capacités de compréhension, sera un bon atout pour votre cohabitation et la confiance qu’il placera en vous dans diverses situations.
Il est conseillé ici et là d’attraper le chien par la peau du cou pour le réprimander, car ce serait ce que sa mère fait. Tout d’abord, nous ne sommes pas des chiens. Par ailleurs, elle n’attrape pas ses chiots par la peau du cou pour les secouer. En agissant ainsi, nous ne faisons qu’agresser le chien, qui se rebiffe légitimement.
Nous vivons dans une société qui pense punition, qui aspire d’abord à faire cesser des comportements par l’ajout et/ou le retrait de quelque chose (par exemple, en cas d’excès de vitesse, vous avez une amende d’ajoutée, des sous et des points de retirés). Pour autant, votre chien fonctionne et appréhende le monde différemment que vous. En le guidant avant tout vers des comportements alternatifs ou incompatibles avec ceux qui sont indésirables, plutôt que de chercher à uniquement faire cesser certains qui peuvent en plus être intrinsèques (par exemple : creuser pour un terrier), vous vous assurer de l’éduquer pour qu’il s’intègre au mieux sans être agressif.
Que faire si votre chien devient agressif
Votre chien se montre agressif, pas méchant
Parce que votre chien fait preuve d’agressivité, parce que vous vous sentez pris au dépourvu, parce que vous n’auriez pas imaginé ça de sa part, votre perception de votre compagnon à quatre pattes est susceptible de changer. Le regard des autres sur lui et sur vous risque aussi de changer. Pour autant, il est important de garder à l’esprit que votre chien ne se résume pas à ces comportements-là, qu’il ne cherche pas à ruiner votre vie. L’étiquette qui lui est alors accolée peut ne pas correspondre à l’ensemble de l’être qu’il est.

Un check-up santé complet
L’une des premières choses à faire si votre chien se montre agressif, surtout si cela se présente plus ou moins soudainement, est de rendre une visite à votre vétérinaire. Plus tôt vous éclaircissez un éventuel problème de santé qui déclencherait ou intensifierait ces comportements, plus tôt votre chien sera pris en charge, moins longtemps il exposera ces comportements.
Identifier les causes et les motivations
Plus vous saurez ce qui est à l’origine du comportement agressif de votre chien, plus vous pourrez mettre en place un entraînement adapté et obtenir des résultats favorables. Si vous ne traitez que ce qui semble visible, vous risquez de n’effleurer que de loin la problématique. S’il n’est pas toujours possible d’identifier le premier déclencheur, la cause exacte, comprendre les motivations de votre chien évitera que vos résultats ne soient que temporaires ou qu’il dévie vers d’autre comportement agressif.
Pour en savoir plus, rendez-vous au cours « Analyse et Modification Comportementale » donné par Lisa Longo.
Opter pour un cercle vertueux, pas vicieux
Votre chien peut opter pour un comportement agressif alors qu’il avait en fait d’abord montrer un comportement d’évitement, mais que ceux-ci ont été ignorés. Il s’écarte, il se recule, il détourne la tête. Puis, il bâille, il s’étire, il montre une position d’invitation au jeu (sans pour autant être disposé à jouer). Puis, il grogne, il montre les dents. Puis, il mord dans l’air. Et enfin, il pince ou mord.
L’escalade de son agressivité s’est accentuée parce qu’il a été ignoré dans ce qu’il exprimait, parce qu’il ne sait pas communiquer autrement, parce que les conséquences à son agressivité ont davantage « payé », parce que vous avez répondu à son agressivité par de l’agressivité, etc.
Plutôt que de le considérer tel un ennemi, en désamorçant la situation, en prenant le temps de lui proposer de se calmer (par des exercices qui se seront montrés efficaces dans le passé, même dans d’autres circonstances), vous lui permettez d’avoir un esprit plus calme.
Conclusion
Quand on inclut un chien dans sa vie, on s’attend à un quotidien parfois idyllique. Quand on voit son chien être agressif par moments, le rêve peut parfois devenir un cauchemar. Plus vous en saurez sur les chiens, sur votre propre chien, plus vous pourrez anticiper et éviter que certaines situations deviennent à risques.
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